Le Grand Conseil a voté ce jeudi le Projet de loi du Conseil d’État porté par le magistrat Thierry Apothéloz attribuant 1.4 millions au collectif d’associations pour l’urgence sociale (CausE) afin d’accueillir durant 5 mois 155 personnes au chaud, avec un accompagnement social.[1]
L’hiver sera terrible. La crise est terrible. Loger 155 personnes sans abris dans des hôtels est une victoire d’étape. Clairement, il n’est pas sûr que cela sera suffisant pour passer l’hiver car nous ne faisons qu’entrer plus profondément et douloureusement dans une crise sociale aux conséquences incalculables. Mais c’est un engagement sérieux du Canton sur le front de l’hébergement d’urgence.
Bravo à toutes celles et ceux qui s’engagent au quotidien et toute l’année, crise sanitaire ou pas, pour la défense du droit au logement pour toutes et tous à Genève. Bravo aux associations, aux bénévoles, aux militant-e-s, à la Ville de Genève. Cette dernière, au début de l’été, avait rajouté 6.9 millions au budget 2020 dédié à l’hébergement d’urgence, grâce à l’action de Christina Kitsos. La caserne des Vernets a pu demeurer ouverte toute l’été. Les autres communes ont suivi. Le fonds intercommunal a apporté 1 million fin octobre 2020. Des fondations privées ont généreusement fait leur part. Le Canton ne pouvait plus rester en dehors de cette large mobilisation solidaire.
Avec la deuxième vague, l’absolument inacceptable est devenu définitivement insupportable. Cette deuxième vague a fait encore plus mal aux travailleuses et travailleurs, aux familles, en poussant certain-e-s dans une telle précarité qu’elles et ils en ont perdu jusqu’au logement et se sont retrouvé-e-s à la rue… et ce n’est malheureusement pas fini.
C’est injustifiable que dans un canton comme Genève, des femmes, enceintes! des hommes, des enfants, des vieillards, des malades, dorment sous les ponts, des tentes, dans des voitures ou des caves, alors que l’hiver et l’arrivée des basses températures sont potentiellement mortelles.
Le projet de loi voté ce jeudi au Grand Conseil illustre que le champ social est aussi un domaine innovant. En investissant un million quatre cent mille pour loger et ainsi préserver la santé des personnes en grande précarité, on soutient, grâce à ce projet, également les hôtels qui les hébergeront. On crée du travail (11,5 emplois temps plein), on renforce des associations, des entreprises, nos liens sociaux.
Le social est un bon investissement. Certains en doutent encore. Ils ne sont pas convaincus qu’un franc investi dans le social permet in fine de produire de la richesse. La couverture que le Grand Conseil a donné aux plus précaires pour franchir l’hiver bénéficiera pourtant collectivement à toutes et tous.
Ceci étant dit, nous devons maintenant être attentif à ce que cette couverture soit suffisamment épaisse, et la renforcer au besoin, afin que véritablement personne ne soit contraint de dormir à la rue cet hiver à Genève.
[1]https://ge.ch/grandconseil/data/texte/PL12821.pdf
Photographie Eric Roset : http://www.eric-roset.ch