Une pétition a été lancée pour demander à ce que le Conseil d’État assure les célébrations de Noël, car : « les récents arrêtés cantonaux pris interdisent à tous les chrétiens d’assister physiquement à la messe ou au culte ces prochaines semaines. Ce dommage irréparable est vécu douloureusement par de très nombreux catholiques ne peuvent plus participer à la sainte Messe. » Reprenant le conseiller fédéral Alain Berset qui avait déclaré : Je ne sais pas si on pourra sauver Noël », cette pétition demande donc en conséquence au Conseil d’État de prendre toutes les mesures pour permettre aux fidèles de leur canton de suivre dans les églises et les chapelles les diverses célébrations religieuses.
Pour notre part il nous semble surtout urgent de sauver, non pas la messe, mais les gens, leur santé, et l’économie réelle.
Dans les évangiles, (Matthieu 18 :20) ces paroles de Jésus sont rapportées : « là où deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Pas besoin d’être cent donc, ni de rouvrir les églises. Pas besoin des foules aux messes de Noël s’y rendant après les agapes de Noël pour se distraire. D’ailleurs, aux temps des premiers chrétiens, les communautés étaient petites, quelques hommes, quelques femmes, guère plus que cinq. C’est donc plutôt en petits groupes, que la spiritualité prend tout son sens. Et c’est au moment où l’obscurité est la plus grande que même la plus petite lumière brille le plus fort.
Il est urgent de ne pas sauver Noël, mais de préserver la santé des un-e-s et des autres. La période des fêtes est traditionnellement une période d’exclusion et d’isolement. Celles et ceux qui n’ont pas de famille ou de proches se retrouvent doublement isolés. Et si l’on faisait de cette année une occasion pour ne laisser personne de côté, et créer de nouveaux réseaux de solidarité ? Et si véritablement Noël n’était pas le signe de grandes bouffes et tablées gargantuesques, mais de solidarités plus fines et moins visibles mais plus inclusives ? Le Conseiller d’État PDC Darbellay qui annonce vouloir tout rouvrir pour que la Suisse entière puisse venir skier pour les fêtes en Valais fait froid dans le dos.
Multiplions plutôt dès maintenant les signes de solidarité, les entraides à 2 ou 3, par petits groupes de soutien. Small is beautiful ! Plutôt qu’une orgie de cadeaux inutiles, offrons des bons dans des cafés locaux, des hôtels de la place, des magasins de proximité, comme le rappelle la pétition lancée par les principales villes romandes afin de soutenir le commerce local et ses emplois contre les multinationales de la vente en ligne.
Ne sauvons pas Noël, mais soutenons l’économie individuellement et collectivement, et surtout préservons la santé de tout le monde en ne rouvrant pas prématurément sous le diktat de l’économie. Le yo-yo de l’ouverture et de la fermeture est contre-productif et cynique. On en voit les conséquences en termes de mortalité.
Mieux vaut enterrer Noël que ses proches. Ne sauvons pas Noël. Réinventons-le.