Plus que jamais, au coeur de l’hiver, le besoin de lumière.
Pas seulement celle du soleil, mais celle des humbles, des généreuses, des silencieuses et des désintéressés.
Plus que jamais, au coeur de l’hiver, regarder ailleurs que droit devant soi, davantage vers les diagonales. Chercher ceux qui protègent, cultivent, font grandir. Les pions, pas les rois. À l’abri du vent, des projecteurs, au creux de la main, dans la cabane fragile du coeur et du lien : accompagner les chèvres, pas les chevaux de compétition.
Aller vers ceux qui restent à l’ombre. Pas ceux qui « prennent la lumière », se l’accaparent.
On nous a fait mousser avec des films de futurologie, avec la technologie et la toute puissance de la science, les futurs désaliénés qu’elle nous apporterait. Et ?
Il faut vivre avec son temps. Oui. Et si c’était une erreur? Peut-être faut-il vivre davantage avec Aristote et Simone Weil, la mère Royaume et les dinosaures…
On en revient à aller faire ses courses pour ses voisin-e-s. A dépendre de la bienveillance de l’un-e ou de l’autre, de l’attention d’un anonyme, d’un soignant épuisé, d’une femme qui te retourne sur le dos, d’un autre qui te tient la main quand tu tombes; d’une vieille paysanne qui t’offre 6 oeufs, un paquet de biscuits, d’un inconnu qui t’attend sous la pluie, te donne un verre d’eau ou un sac de victuailles.
La vérité : nous vivons dans une société de déshumanisation avancée.
L’intelligence artificielle est bonne pour les machines. Les algorithmes et le mythe du progrès linéaire, de la rationalité économique, suffisent à pleine à empiler des cubes et des carrés, te géolocaliser pour livrer une pizza. Et ?
Nous sommes les orphelins d’une intelligence naturelle : celle de la simplicité, du bon sens, de l’empathie.
L’intelligence naturelle, avec sa variable émotionnelle, son appréciation affective, ses erreurs, nous préserve de devenir machines ou machiavéliques.
Le facteur humain est à défendre à tous prix; le beau, le noble, le gratuit.
La peur fait des grumeaux, elle agglomère autour d’un noeud.
La confiance lie, elle facilite l’échange.
Plus que jamais, au coeur de l’hiver, le besoin de lumière. Loin des effets d’annonce et du tumulte des voeux creux ou commerciaux, ne se souhaiter peut-être rien d’autre que d’être à soi-même un tenace lumignon, plutôt qu’un rouage.
Il vaut mieux se tromper en humain que de réussir en machine.