Utiliser la Covid-19 comme un accélérateur

  • 29. septembre 2020
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Selon un article paru dans le journal Le Monde du 10 juillet, les « experts » interrogés par les médias sur le Covid-19 et ses conséquences étaient à 80 % des hommes.[1] Cette absence de parité est le fruit d’une longue histoire : les femmes ont, pendant des siècles, été exclues du monde de la connaissance, mais aussi de l’espace public. Pensez à la crise, évoquez les figures ayant occupé l’espace médiatique ces derniers mois, et vous verrez une longue galerie masculine se dérouler.[2]

Pourtant, dans le domaine de la santé et du social, les femmes sont majoritaires. Elles sont davantage actives en première ligne. Comment expliquer que la parole d’autorité a été majoritairement accaparée par des hommes ?  Comment accepter qu’à l’heure de l’expertise, ce soit à nouveau des hommes qui occupent le devant de la scène et qu’une fois installés, ils y demeurent? Pourtant, alors que ce ne sont majoritairement pas eux qui soignent, pas eux qui prennent les risques, la posture d’expert leur est quasiment, automatiquement, dévolue.

Nous ne sommes donc pas encore sorti-e-s de l’ornière qui veut que la parole féminine soit encore et avant tout utilisée pour illustrer des expériences de mère à domicile voire de victime de violences. Beaucoup plus rarement leur est reconnu le rôle respecté d’expert-e qui est le leur.

Il serait intéressant d’instaurer des Gender Watch lors de toutes réunions et comités, afin d’objectiver qui utilise effectivement le temps de parole, comment ce temps est réparti et négocié; comment, à l’intérieur même de l’entreprise, des associations, la dimension de genre construit les choix politiques et les orientations stratégiques. Ainsi, pourrions-nous avoir une image plus fidèle de la manière dont le genre impacte les prises de décision, et qui sait, peut-être avoir quelques surprises.

Oui, il y a toujours davantage de femmes qui occupent les postes d’expertes et d’élues. Toutefois, les biais demeurent. Occuper un poste de pouvoir n’est pas encore une garantie absolue de l’exercer ni d’être reconnu-e- dans ce dernier. Il nous revient donc de traquer les entraves, débusquer les résistances, poursuivre le travail de conviction et de dialogue, au sein de la société, afin que celle-ci soit toujours plus égalitaire et inclusive.

Le Covid-19 doit être utilisé comme accélérateur pour plus d’égalité et davantage d’inclusion, pas comme un frein ou pire, une pernicieuse marche arrière.

 

 

[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/07/10/l-effacement-des-femmes-de-savoir-pendant-la-crise-sanitaire_6045764_3232.html?utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Facebook

[2] https://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2020/06/24/coronavirus-la-crise-a-conforte-la-place-desequilibree-des-femmes-dans-les-medias_6044058_3236.html

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