Menace et peur doivent laisser place aux preuves de solidarité

  • 29. septembre 2020
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L’obligation du port du masque dans les lieux publics est une évidence qui ne devrait pas faire débat. Pourtant, un certain nombre de citoyen-ne-s la remettent en question. Les débats sont devenus tendus et même acrimonieux à ce sujet depuis l’annonce du Conseil d’État d’obliger le port du masque dans les commerces à dater de ce mardi 28 juillet.

Ostensiblement, une ligne de fracture se marque entre les pro et anti masques. Cela est regrettable. Notre société n’a pas besoin d’une telle fracture, au moment où l’unité et l’engagement de toutes et tous contre la maladie et ses terribles répercussion sociales et économiques doit se poursuivre. L’important étant de parvenir à faire baisser le nombre de nouvelles contaminations.

 

Ne pas faire de la santé publique une affaire de police

Comment en est-on arrivé là ? Alors que, dès le début de la pandémie, le masque a été laissé de côté et présenté par le Conseil d’État comme non-nécessaire et source de potentielle contamination supplémentaire en cas de mauvaise manipulation, il est devenu obligatoire de le porter, les contrevenant-e-s étant menacé-e-s d’amende. Ce revirement a été insuffisamment expliqué. Cela a malheureusement fait le lit d’un mouvement de défiance au sein de la population.

Encourager et continuer de faire en sorte que la population adhère au message aurait été positif. Malheureusement, les autorités sont passées d’un discours cherchant l’adhésion à des propos menaçant et à la stigmatisation de certaines catégories de la population accusées de ne pas jouer le jeu. Or, que constate-t-on ? Que globalement le taux de port du masque est bon, mais que la manière de le porter laisse à désirer. [1] C’est la preuve que davantage d’explication, de pédagogie et moins de menaces seraient bienvenues.
Genève a la pompon des nouvelles contaminations
Il est regrettable que des réfractaires au port du masque et aux gestes barrières mettent en danger leur santé ainsi que celle des autres. On peut les blâmer, bien entendu, au nom de la responsabilité individuelle. Mais il semble également nécessaire de ne dédouaner personne et de tenir en premier lieu pour responsable l’autorité qui a contribué à la confusion ambiante.

Pourquoi donc une évidence est devenue un lieu de résistance, clivant profondément notre société et pourquoi Genève porte le pompon en terme de nouvelles contaminations? Un tiers des nouveaux cas en Suisse sont genevois![2] Cela devrait inviter nos autorités à une sérieuse autocritique sur ce qui fonctionne moins bien à Genève qu’ailleurs, et à remettre l’ouvrage sur le métier. Il est également regrettable que le coût économique pour les plus précaires de l’achat de masques ne soit pas pris en compte, ni l’impact écologique des masques jetables.

On ne peut qu’espérer que notre ministre MCG de la santé réajuste sa double casquette de responsable de la police et de la santé publique et se décide enfin à s’appuyer davantage sur les communes, les partenaires associatifs, afin de les impliquer davantage pour l’élaboration et la transmission de messages positifs et constructifs.

 

La menace et la peur doivent céder la place aux preuves de solidarité 

Jusqu’à maintenant, c’est avant tout une communication basée sur la peur et la menace qui a dominé de la part du ministre de la santé. Or, il est urgent de modifier le message pour rendre le port du masque et les mesures barrière plus attractives et travailler sur l’incitation plutôt que la sanction. Plutôt qu’un discours sur « la responsabilité individuelle » il serait bon d’en passer un sur « le soin collectif ».

Le problème de la communication basée sur la peur étant que lorsque personne n’est touché dans l’entourage proche, ou que certaines tranches d’âge semblent moins exposées, l’apparente innocuité conduit à des réflexes d’intouchable ou de je m’en-foutiste. C’est également ainsi que les théories complotistes ou négationnistes fleurissent.

Mauvaise nouvelle : le mal est fait. Bonne nouvelle : il n’est pas trop tard pour changer de politique en la matière. Cette coupure du pouvoir cherchant à imposer d’en haut, par la contrainte, ce qui est une évidence si l’on s’appuie davantage sur les relais de proximité, n’est pas une fatalité.

On ne peut qu’inviter Monsieur Poggia à ranger sa casquette de policier en chef afin de s’occuper pleinement de la santé des Genevoises et Genevois. De précieuses vies seront ainsi mieux préservées.

Avec davantage d’incitatifs, un accent mis sur le besoin de solidarité plutôt que le montant de l’amende, le message passerait mieux. Davantage d’exemplarité serait aussi bienvenu. On n’a pas vu souvent un Conseiller d’État avec un masque sur le nez. Cela donne au final le désagréable sentiment que les règles ne s’appliquent pas de la même manière pour toutes et tous.

 

[1]https://www.tdg.ch/le-masque-reste-bien-accepte-mais-est-souvent-mal-utilise-270197435210

[2]https://www.tdg.ch/un-tiers-des-nouveaux-cas-sont-genevois-831103711649

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