Voilà un petit test à faire en famille ou avec soi-même le soir en s’endormant, avec ses ami.e.s, parce que l’on croit toujours les connaître, et l’on est parfois surpris quand on creuse un peu de leur position politique ou sociale, et parfois on se dit : mince, j’aurai jamais pensé ça.
On peut même imaginer le faire avec ses adversaires, ça permet aussi d’être surpris et malgré tout de se découvrir quelques points communs, ce qui est, c’est clair, parfois troublant. Il faut être prêt aussi à découvrir que l’on a parfois plus de points communs avec des adversaires que ses ami.e.s; que l’humour peut être l’apanage de gens que l’on combat, et certains alliés emmerdants comme la pluie.
Bref. Ce petit test du « es-tu plutôt » permet de sonder la profondeur de ses options politiques. Enfin, on s’entend, le monde étant ce qu’il est, il nous invite modestement à se positionner pour le moins mauvais choix personnel possible, ce fameux « choix du moins pire » qui, s’il n’est pas sexy et ne nous fait pas dresser les poils sur les bras et les gambettes, s’il rend parfois maussade et chafouins mes collègues allumant des cierges pour le grand soir, espérant que Santo subito, la révolution viendra nous doucher du jour au lendemain comme une évidence subite, ce petit test un brin ludique (j’espère), permet à tout le moins d’envisager le choix possible évitant peut-être, une décrépitude accélérée pour continuer à lutter pied à pied, millimètres par millimètres pour un monde meilleur ou moins pire, ce qui revient au même : pour que ça rigole un peu plutôt que ça ne dégringole.
Ok, le test est un peu biaisé. Et binaire. Et ironique. Bien vu.
Une amie, un peu sadiquement testait toujours ses copines avec une question qui était invariablement la suivante : préférerais-tu coucher avec Bachar Al-Assad ou Poutine. Le « choix » n’est pas ragoûtant. C’est vrai. Ce sont les mains sales de Sartre. Cela évoque, enfant, le choix de finir ses épinards maintenant ou tout de suite. Parfois la vie veut ça. On a pas toujours le choix. Tu votes ou tu votes pas? Ou le choix est limité. Ou ce qui nous est proposé dans l’assiette est d’une hypocrisie sans fin. Alors changeons l’assiette, le menu. Retournons la table!
Attention ce test prend 5mn… et ne changera pas le monde.
Es-tu plutôt:
gilet jaune ou gueule de bois ?
extinction des insectes ou survie des petits commerces
Emmanuel Macron ou Alexandre Benalla
pour le mur de Trump ou celui de Netanyahou
champ de mine ou champ de blé ?
Es-tu plutôt :
aux abonnés absents ou sur liste d’attente
recyclage du papier ou sauvegarde de données sur le cloud
méditation sur la rade ou traversée du désert
démission de Maudet ou apparition de la sainte vierge
moi d’abord ou après moi le déluge ?
Es-tu plutôt:
taxe sur le kérozène ou impôt sur le capital
justice partout ou police nulle part
toblerone halal ou coca-cola sans viande
égalité salariale ou interdiction du voile
pour des élections anticipées ou un renvoi aux calendes grecques?
Merci pour ta participation. Il ne te sera envoyé aucun fatras commercial, aucune tentative d’accroche, aucun produit d’appel.
S’il y a peut-être une source d’espoir dans tout ça, c’est la volonté de se bouger avant d’être placé dans l’étau des non-choix; les impasses, fusil sur la temps. La montre tourne contre nous. L’urgence climatique est une urgence de la mobilisation; l’urgence sociale, une volonté de renversement.
Préfères-tu crever comme un dinosaure ou comme à Hiroshima… n’étant pas une question que l’on souhaite poser un jour à ses enfants, après avoir regardé une dernière fois le téléjournal.
Es-tu plutôt test individuel ou engagement collectif?