Le pragmatisme sans l’utopie, ce n’est très vite que du cynisme. Et l’utopie sans le pragmatisme, ce n’est très longtemps que de la branlette. Le ton est donné. Dans son dernier livre, le socialisme ou comment ne pas s’en débarrasser, qu’il présentera ce mercredi 21 février à 19h à la librairie le Parnasse[1], Pascal Holenweg rappelle non seulement les fondamentaux du socialisme, mais aussi l’utopie et la radicalité qu’il porte. Mâtiné d’un constat étayé sur l’état actuel de la gauche, il rappelle les périls d’un positionnement qui serait signes de défaite: converger vers un centre indistinct, s’efforcer à réformer ou recomposer, alors que la véritable ambition devrait être de retrouver une hégémonie culturelle.
Holenweg, insomniaque notoire et empêcheur de dormir tranquille, par ailleurs politologue, conseiller municipal, membre du parti socialiste genevois, sonne le réveil d’une écriture efficace, où il convoque tour à tour l’histoire et les grandes figures du socialisme, de Marx (Un spectre hante la gauche socialiste européenne : celui de son impotence), à Proudhon, en passant par Gramsci, tout en portant une critique sur le présent, et la manière dont la gauche s’y déploie, qu’elle soit au pouvoir ou cherche à y être.
Holenweg invite à retourner aux sources et à une radicalité première. Il trace une première ligne rouge sur la question de la propriété, celle-ci étant pensée comme le lieu du clivage entre socialisme et ses adversaires. Pour Holenweg est socialiste toute organisation pour qui la propriété collective prime sur la propriété individuelle et la propriété sociale sur la propriété privée. Il trace une deuxième ligne rouge sur la question de l’égalité concrète des droits, la basant sur l’espace de la gratuité face à celui du paiement, du droit face à la marchandise. Seule la gratuité met le riche et le pauvre sur un pied d’égalité.
Il renvoie dos à dos étatisme et capitalisme, ouvrant un chemin de créativité, et d’engagement libertaire. Il allume quelques mèches sur l’obéissance, la nature des conflits, le salariat, et on l’imagine très bien, de nuit, toujours, dans l’arrière-salle d’un café, faisant ce travail de lucidité et de réflexion, comme d’autres préparaient des bombinettes. -car il y a bien cette volonté subversive du résistant, du clandestin, dans le projet social et politique d’Holenweg, fut-il dévoilé au grand jour-
Bréviaire militant, essai philosophique et historique, avec un sens caustique et des punchlines mordantes, ce livre devrait ravir les militant-e-s de 9 à 99 ans qui veulent définitivement changer le monde avant qu’il ne soit trop tard.
Le socialisme ou comment ne pas s’en débarrasser est le livre d’une des plumes les plus pointues et pertinentes de la République. Il sait comme personne tracer avec intelligence dans une lettre, comme il lui plait de le rappeler, à peu près quotidienne et assez généralement socialiste, CauseS Tousjours »[1] ainsi que dans un blog[2] les enjeux, les travers, et les ambitions du politique. La citation de Jean Sénac, poète libertaire algérien, indépendantiste solaire, qu’il porte en signature de son blog : si le socialisme est une pommade lénifiante sous laquelle demeurent les plaies, qu’éclate le socialisme, résume bien le projet du bonhomme. Tout Holenweg est là, dans sa démesure et sa volonté radicale, ancré dans le quotidien, la réalité telle qu’elle est à affronter, avec la responsabilité de n’y rien céder en respectant la liberté des autres et l’intégrité de chacun-e-.
Pascal Holenweg ou comment ne pas s’en débarrasser…. mais en achetant et en lisant son livre et en venant le rencontrer ce soir au Parnasse pardi !
Pascal Holenweg, Le socialisme ou comment ne pas s’en débarrasser, édition de l’Aire, 2018.
Vernissage du livre mercredi 21 février à 19h, Librairie Le Parnasse, 6 rue de la Terrassière.
[1] https://www.facebook.com/events/144294662894825/
[2] https://www.facebook.com/Causestoujours/?hc_ref=ARQI6G4iY…