Trump, l’encouragement à la haine, la force du langage

  • 29. août 2017
  • air du temps
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Les événements de Charlottesville nous montrent une chose. Le président Trump cautionne, banalise, caresse dans le sens du poil et entretient volontairement des mouvements mortifères de suprémacistes blancs… parce que ce sont ses soutiens. Le slogan make america great again compris comme make america white again, fait rêver les mouvements les plus faisandés se réclamant de Trump.

On est plongé dans le cadre d’une gouvernance clientéliste, où le bien commun, la défense du droit, de minorités, passent bien après la préservation de certains groupes, aux idéologies niant la pluralité, apologétiques du nazisme et révisionnistes de tout crins, s’inspirant des figures européennes comme Alain Soral ou Renaud Camus.

Les assassins de Heather Heyer, les semeurs de haine, sont rendus fréquentables par le Président. Dans la même veine, Trump accusa Ted Cruz, concurrent lors de l’investiture républicaine aux présidentielles de ne pas être un natural born citizen, car né au Canada. Trump refusait d’admettre qu’Obama puisse être né aux USA, insinuant allégations mensongères, rumeurs, avant de reconnaître s’être fourvoyé dans ses théories sur la citoyenneté. [1]

Cette rhétorique puriste et ce refus de la diversité, nous l’entendons aussi chez nous dans le cadre de l’élection au Conseil Fédéral. Et nous l’avons aussi d’une manière récurrente lors des débats face à l’extrême-droite, qui prétend incarner le « vrai » peuple, le représenter entièrement et détenir à eux seuls l’entier de la représentativité dans les conseils municipaux ou au Grand-Conseil, à Genève.

Trump n’est pas fou

Quand Trump banalise les agissements des milices d’extrême droite, ce n’est ni une erreur de communication ni un biais de langage. C’est son programme, sur cette base et par cette base qu’il a été élu. Ses éléments de langage visent à euphémiser ou travestir médiatiquement la réalité, par souci politique de renforcer le lien entre son pouvoir et les red neck.

Trump n’est pas fou, il est partial et clientéliste. Il n’est pas fou, il nie le tout pour s’occuper d’une partie. Trump n’est pas fou, il est lâche et racoleur, comme le sont ceux qui servent les intérêts de petits groupes particuliers. Il est calculateur, pensant aux finalités avant les moyens. Trump n’est pas fou, il est dangereux. Comme Rodrigo Duterte aux Philippines, les messages qu’il transmet, les incitatifs qu’il passe et le blanc-seing qu’il donne à certains groupes sont des signaux destructeurs. Messages constants d’encouragements et d’impunité.

Regardons dans notre assiette

Si les actions de Trump font froid dans le dos, nous avons bien plus proche de nous ce même genre de comportements. Il est bon de regarder dans notre assiette. Les mêmes mécanismes sont à l’oeuvre. L’UDC nous a habitué depuis longtemps à ces rhétoriques racistes stigmatisant certains groupes: les étrangers, les homosexuels, les femmes, banalisant des violences et renvoyant dos à dos agresseurs et agressés dans un pur souci racoleur de se construire un électorat.

Les glissements du langage et la banalisation de la violence conduisent véritablement à des passages à l’acte, et à des violences physiques.  Ils ne doivent pas être minimisés. L’exemple de ce qui vient de se passer à Charlottesville nous invite à être toujours plus rigoureux sur ce qu’on accepte comme prises de position et sous couvert de « liberté d’expression » d’appels à la haine ou de négation de l’autre.

Quand Eric Hess, conseiller municipal bernois, emploie à dessin un vocabulaire comme celui de nègre [2] pour désigner des individus, il ne « dérape » pas. Il vise sciemment à décrédibiliser, stigmatiser, et faire d’autres être humains des personnes de rang inférieur pour fédérer un groupe de soutiens et asseoir sa domination par le langage.

Le langage a pour fonction de découper le monde, et de le rendre accessible. Certains l’emploient aussi pour cibler et détruire.

Un mot est un acte, rien de moins.

Laisserions-nous quelqu’un donner un coup de poing sans réagir? Non.

Que faisons-nous alors, ici et maintenant, face à l’insulte, l’injure, le dénigrement ?

 

[1]http://www.slate.fr/story/123571/tweets-trump-lieu-naissa…

[2]https://www.tdg.ch/suisse/racisme-plainte-parlementaire-udc/story/23923248

 

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