Je n’étais pas, dès le départ, acquis au OUI à la rénovation et l’extension du Musée d’art et d’histoire. Ce qui m’a convaincu, c’est de creuser les arguments, engager le débat avec des opposants, des personnes acquises au projet. Je me réjouis que notre démocratie helvétique permette ce débat d’idées, avec cette qualité d’information et de décision.
Opposants à un projet ou à des personnes?
Certains opposants énoncent le fait que le projet divise, et qu’il serait donc par là-même un mauvais projet. C’est un argument très faible. Au contraire, si l’objectif est d’avoir un projet qui rassemble tout le monde, et que tout le monde il soit gentil avec, le résultat sera un projet particulièrement lénifiant et triste. A ne pas vouloir prendre de risques et satisfaire tout le monde, on obtient au final des projets rabotés, au rabais, sans ambition.
Le projet du musée d’art et d’histoire crée un vif débat. C’est un indice supplémentaire de sa qualité et de sa dimension innovante!
Je m’interroge par contre sur le fait que certains opposants se fassent de plus en plus virulents, au fur et à mesure que la population affine son opinion. Les attaques sont de plus en personnelles, portant avant tout uniquement sur l’architecte, un mécène, le magistrat Sami Kanaan, et même sur la personne des médiateurs culturels avec un personnage qui appelle à les tuer [1]!
Cela montre bien que certains opposants, dans leur nihilisme, confondent la critique avec la haine.
Il finira par apparaître à chacun que ce n’est pas ce projet qui leur déplait… mais qu’il y en ait un, tout simplement.
Tout projet culturel est un projet critiqué
Tant les musées Guggenheim, à New-York qu’à Bilbao, que le Centre Pompidou, la pyramide du Louvre, et plus récemment la rénovation et l’extension du Rijksmuseum à Amsterdam[2], ont fortement divisé, été décrié comme trop grands, trop chers, pas beaux… avant d’être adulés par la suite!
Les opposants prennent alors appui sur le temps qui passe pour dénoncer le projet du Musée d’art et d’histoire. Le projet serait un vieux projet. Mais là aussi, l’argument est faible. Prétendre défendre le patrimoine, l’héritage historique, et faire du jeunisme en dégommant un projet parce qu’il ne date pas d’hier, quand bien même il n’a cessé d’évoluer depuis 1998 serait comique, si ce n’étaient au final les genevois qui paieront l’addition de cette triste rhétorique!
Exiger un projet tout neuf estampillé 2016, c’est faire fi de toute l’histoire de l’art et de l’humanité. Combien de temps a-t-il fallu pour construire les pyramides ? La construction du Louvre s’étend sur 800 ans ! il a fallu 33 ans pour que Marseille fasse aboutir son projet du MUCEM.[3] Et puis, n’est-ce pas la démocratie helvétique qui impose son rythme, ses recours, ses votes, ses référendums et ajustements ? Tout nouveau projet passera par le même tamis. Au final, si le projet du OUI était refusé le 28 février, on repartira à nouveau pour 20-30 ans de coûteux débats et avis « d’experts » en frustrations et haine.
Il n’y a pas, en Suisse, de projet parfaitement parfait que l’on puisse sortir d’un chapeau du jour au lendemain, n’en déplaise aux opposants.
Votons OUI le 28 février ! Oui au Musée d’art et d’histoire, à un projet qui renouvelle, dynamise notre muséographie, notre Ville, honore son patrimoine, restaure ses collections, réimplante le musée de l’horlogerie, établit enfin un musée des instruments de musique anciens, et permet d’aller de l’avant. Pour notre ville, son histoire, pour la culture, toute la culture!
[1]http://www.bilan.ch/node/1032805
[2] http://www.bbc.com/news/entertainment-arts-22149807
[3] http://www.mucem.org/fr/le-mucem/un-musee-pour-leurope-et…