Serge Dal Busco, marathonien à l’arrêt

  • 21. février 2017
  • air du temps
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Cher Serge Dal Busco,

Tu étais pourtant un marathonien. Tu aurais dû savoir que dans une course il faut partir à son rythme, accélérer ensuite et finir à fond. Malheureusement, concernant la 3e réforme de l’imposition des entreprises (RIE3) c’est tout l’inverse que tu as fait. Tu es parti au pas pour ralentir ensuite et finir par y perdre ton souffle.

Des négociations avec les partis ? Tu as tout de suite perdu l’extrême gauche que tu n’as pas su prendre en compte. Le Parti Socialiste et les Verts ont essayé de te suivre un moment, mais à l’impossible nul n’est tenu. Tu as perdu toute possibilité d’obtenir l’accord de ces partis en essayant de leur faire avaler une convention mal ficelée dans un timing impossible à tenir, la chevauchant maladroitement à une votation fédérale brouillant toutes les cartes.

 

Mauvais timing, mauvaise négociation = pas de résultats

Imposant du début à la fin calendrier et contenu, tu auras finalement réussi à mettre tout le monde d’accord sur un seul point:  tu es un piètre négociateur. Là où il aurait fallu fédérer largement, tu as fait surgir des divisions de toutes parts. Tu pourras toujours invoquer le fait que c’est Genève et qu’à l’impossible nul n’est tenu. Il n’empêche, un ministre des finances devrait gouverner pour tous, pas seulement pour quelques uns. Et surtout, on attend de lui qu’il place l’intérêt collectif au-dessus de celui des grosses entreprises, pour créer vraiment de l’équité.

Quant à la mollesse de la volonté s’ajoute la servilité aux milieux économiques, le résultat ne peut être que catastrophique. Et c’est bien ce qui s’est passé. Incapable de créer un front large sur un objet si important pour l’économie genevoise, tu as échoué là où nos voisins vaudois ont su allier doigté et négociation pour obtenir un plébiscite, d’abord des partis, puis de la population… il y a un an déjà.

 

Confusion générale

Sentant le vent tourner, tu t’es définitivement pris les pieds dans tes lacets. Le politique prenant le pas sur le ministre, dans un courrier accompagnant la déclaration d’impôts 2016 des contribuables, tu les as appelé directement  à soutenir la RIE3, principal enjeu de la législature et dont, dis-tu, « son succès bénéficiera à toute la population ».

Tu as fais alors peu de cas de la démocratie, prétendant benoîtement présenter uniquement des faits, te justifiant d’une manière ingénue de ne faire que ton travail de grand argentier, quand bien même tu influences directement réflexions et débats d’une manière partisane.[1]

Bref, cher Serge, quand il faut être politique, tu agis comme un administrateur, et quand tu devrais agir comme un administrateur, tu te piques de faire de la politique (sans même l’assumer au final). Cela s’appelle courir à contre-temps, ou contre nature.

 

NON à une réforme mal ficelée

Pour toutes ces raisons, cher Serge, il serait grand temps de retrouver un rythme de course plus respectueux et plus doux afin de ne pas accentuer encore les cassures. Vu la manière dont tu as géré les « négociations » avec les partis et dont tu as mené cette réforme des entreprises au niveau cantonal, il semble pourtant bien tard pour espérer un revirement. Trop de temps et d’énergie ont été perdu à tourner en rond.

Les Genevois sont aujourd’hui dubitatifs concernant la RIE3. La différence entre le niveau fédéral et cantonal leur est difficilement perceptible. Comme ministre des finances, tu portes une lourde responsabilité dans cette confusion, que tu continues d’ailleurs d’entretenir. Certes, tu utiliseras le chantage au départ des entreprises, et menaceras tout le monde d’un effondrement de l’économie au lendemain du 12 février. Mais puisque tu nous as fait passer l’envie de soutenir quoi que ce soit, nous savons maintenant clairement à quoi nous voulons résolument échapper : une marche forcée en avant en mauvaise compagnie avec un pistolet sur la tempe.

La seule issue pour éviter la catastrophe annoncée, c’est désormais qu’un NON clair soit posé sur la RIE3 en votation populaire le 12 février, afin que nous n’ayons pas à subir à Genève les errances d’une course mal conduite, avec des accélérations et coups d’arrêt erratiques, dommageables pour la collectivité.

 

Voter NON le 12 février à la RIE3 apparaît désormais comme un vrai bol d’air, le meilleur choix pour préserver les finances genevoises et notre liberté.

 

 

[1]  http://www.lecourrier.ch/145921/rie_iii_le_message_qui_fache

 

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