Madonna peut aller se faire foutre

  • 17. janvier 2017
  • air du temps
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C’est devenu un rituel remarquable. A chaque star du showbizz qui casse sa pipe, à un âge respectable pourtant ou comme conséquence inéluctable d’une vie flambée, la litanie de la plainte grandit et se déverse sur les réseaux sociaux sous forme d’hommage et de complainte charitable où chacun en profite pour confesser ses premiers slows ou refrains fredonnées sous les vibratos de la star; exhumer s’il le peut une photo, un truc griffonnée avec son icône et où, au final, la mort de l’autre devient encore le lieu d’un culte de soi et d’une mise en avant de son propre vécu sur le dos des osselets fumants d’un roi de la pop ou du rock.

 

Orgie d’egos

Les petits mausolées numériques (aussi vite érigés qu’abandonnés) deviennent, au fil des mois, les tas grossiers d’une orgie compassionnelle devenant d’autant plus ridicules ou vulgaires que, forcément, le temps passe et les morts balisent le calendrier au rythme des saisons.

On ne sait plus trop distinguer alors qui mérite son mausolée ou pas, qui est laissé de côté et qui devient un martyre auréolé de strass, de pixels et de paillettes, le tout dans un scintillement approchant la saturation au fur et à mesure que la fin d’année approche et que la baudruche mortifère grandit… la répétition d’une expression de compassion numérique devenant de plus en plus guignolesque… heureusement, la nouvelle année remettra les compteurs à zéro… ouf, on a failli imploser. Mais quoi, le même cirque recommencera dès janvier. C’est ainsi, c’est la vie.

On arrive ainsi au pic de l’éblouissement lorsque Madonna[1], suite à un deuil de trop, ou comme un ultime nombrilisme, propose à 2016 d’aller se faire foutre… hé, bravache la petite, il suffirait de peu que 2016 ne décide qu’elle aussi a fait son temps, et malgré la toute puissance de l’image et de l’argent, il soit temps pour elle, comme pour tout un chacun, de rendre l’âme et le tablier …  Eh quoi une poignée de pop-stars meurent et elle envoie toute une année au diable?

 

Il n’y a pas que les stars qui meurent il y a tous les péquins aussi

Car enfin, ça n’arrête pas de claquer sur cette planète. A la pelle même, des morts anonymes dans les ruines d’Alep, au Yemen, au Nigéria, en Irak, en Afghanistan, dans les prisons, les  brousses, les steppes, les ems, les océans et les hôpitaux du monde entier, ça tombe et ça meurt, ça naît et ça disparaît, à un rythme autrement plus élevé que la poignée de stars qui ont disparu cette année et semblent pourtant engloutir avec eux une partie de l’univers.

Bien sûr que je ne suis pas insensible à la mort de Fidel Castro, de George Michael ou au dernier souffle de Leonard Cohen, c’est dramatique, mais franchement, tant que des enfants continueront de mourir en silence et dans l’anonymat complet, sans que l’on soit capable de sortir l’Occident de ses deux postures favorites : impuissance ou charité…

Madonna peut aller se faire foutre.

 

 

[1]http://www.lemonde.fr/culture/article/2016/12/26/george-michael-est-mort_5053868_3246.html

 

 

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