Jésus à Champ-Dollon

  • 27. décembre 2015
  • air du temps
  • Pas de commentaire

Lève-toi, prends le petit enfant et sa mère, fuis en Egypte et restes y jusqu’à ce que je te parle, car Hérode va rechercher le petit enfant pour le faire mourir. (Matthieu 2,10)

Ainsi commence la vie de Jésus selon l’évangile, par une fuite dans la nuit loin de la terreur et d’un empereur voulant le supprimer… puis le retour de cet enfant sur la terre qui l’a vu naître lorsque cet empereur meurt.

Que l’on ait retenu de Noël les cadeaux, les rois mages et la fête de l’abondance, une trace de la joie et de l’allégresse est une chose, mais pourquoi escamoter la dimension politique, marginale et menacée de la naissance de Jésus ? La précarité de sa naissance, qui place d’entrée son existence sous le signe de miracles successifs (comme un petit enfant qui survivrait au naufrage d’une embarcation en Méditerranée).

Cadeau de Noël

Je réfléchissais à cela dans un train pour rejoindre mes parents dans un petit village vaudois. A Gland, le long de la voie ferrée et des baraquements : une trentaine de migrants assis attendaient le train ou n’attendaient rien, ils étaient là.

Dans le wagon, de mon côté, deux vieux, mari et femme, qui regardaient ces hommes comme si tout à coup ce qu’ils voyaient parfois à la télévision avaient rejoint leur réalité, sans qu’il ne me soit possible de savoir ce qu’ils en pensaient vraiment.

Au jour de Noël, à travers le petit écran d’une vitre de verre feuilletée, deux réalités instantanées, croisement fugace. Une question me vient alors : comment les rapprocher, les mettre en lien, ces deux mondes-là? Alors que ni la langue, ni l’histoire, ne les rapproche, et que pourtant ils sont appelés à vivre ensemble, cohabiter, partager les mêmes gares, les mêmes trains, les mêmes nourritures?

Après quelques minutes d’arrêt, le train est reparti. Les deux anciens, avec leur panier de victuailles et leur sac « île de la Réunion » dans une direction. Les migrants immobiles, demeurant le long des voies ferrées.

C’était mon cadeau de Noël.

Seuls ceux qui ne veulent pas comprendre ne comprendront pas.

 

Jésus étranger à la prétendue « Civilisation judéo-chrétienne »

Je crois Jésus, réfugié politique, étranger à ceux qui parlent de la société judéo-chrétienne, des « valeurs chrétiennes », voulant les travestir et circonscrire à un territoire, une aire géographique, les instrumentalisant pour rejeter tout ce qui ébranle et conteste leurs certitudes et conforts.

Je crois à Jésus, réfugié politique, va-nu pied, migrant, dépossédé, ami des humbles, des doux et opprimés; de sa naissance à sa mort, pourchassé, prisonnier, condamné puis mis à mort, traçant un chemin de Noël à Pâques, sur l’arc d’une trajectoire radicalement étrangère à tout discours sur la prétendue « société judéo-chrétienne » légitimant en fait une société fermée, anti-évangélique et anti-chrétienne.

Je crois à Jésus, assis au bord d’un quai à Gland, prêt à accueillir celui qui descendra du train, dans l’ouverture, toujours.

Je crois à Jésus, bébé emmené dans les bras d’une femme, passant une frontière à Vallorbe ou au Tessin.

Je crois à Jésus, sorti quelque part de Syrie par son père qui s’est levé, pour fuir la mort et répondre à la vie.

Je crois aujourd’hui Jésus, musulman, chrétien, juif ou athée.

Je crois à Jésus, adolescent, Dieu incarné, désigné du statut de non entrée en matière (NEM), souriant le long d’une voie ferrée.

Je crois à Jésus arrivant à Genève Ville de refuge et dormant sous les ponts, avec les roms déplacés d’une rue à l’autre par les bâtons tactiques.

Je crois Jésus à Champ-Dollon.

 

 

Joyeux Noël.

 

 

 

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20/12/2015

Déprédations à Genève : Maudet protège Stauffer, pas le Grand-Théâtre et les petits commerçants.

Les déprédations qui ont défiguré la Ville de Genève sont inqualifiables. Les mouvements culturels ont rapidement réagi condamnant celles-ci. La Culture lutte via un communiqué très propre a condamné sans ambiguïté les déprédations commises dans la nuit du 19 décembre à Genève et réprouvé avec la plus grande énergie les méthodes destructrices employées, qui ne servent en aucun cas la cause culturelle.[1] Toute violence est contre-productive. Les milieux culturels l’ont compris et affirmé clairement. Tous les Genevois sont attristés et choqués par cette casse.

 

Arrêter les spirales de la violence

Mais, comment interpréter les propos inqualifiables du président du conseil municipal MCG Carlos Medeiros, qui parle de racaille et de descendre les armes à la main dans la rue? Jeter de l’huile sur le feu semble la plus mauvaise chose à faire actuellement. Cela est encore un très mauvais signal pour notre République et le signe d’une perte de contrôle. 

La droite municipale avait d’ailleurs déjà dérapé en octobre en votant un gel illégal des subventions de l’Usine[2], qui n’avait rien à voir dans les déprédations d’alors. Cette délibération punitive et irresponsable contre le centre culturel, justement annulée par le Conseil d’Etat[3], n’a servi qu’à rajouter de l’huile sur le feu.

La lourde responsabilité de la droite de l’échiquier politique

Les mots peu constructifs des conseillers municipaux de droite ont contribué à pourrir le débat, et à alimenter la violence des casseurs. La droite aurait-elle voulu jouer l’escalade incontrôlée qu’elle ne s’y serait pas prise autrement, usant d’amalgames stupides et basculant elle-même dans l’illégalité.

Les Genevois-es ont en marre que les conflits politiques se gèrent sur leur dos et qu’ils soient les premiers à en faire les frais. Plus de retenue et de civisme dans les parlements seraient un premier exemple et un bon signal. Le niveau affligeant des débats, et les prises de paroles inqualifiables d’un conseiller municipal MCG par exemple, qui comparait, la manifestation d’octobre à la Nuit de cristal n’a certainement pas contribué à apaiser les tensions, bien au contraire.[4]  

Quand des élus se comportent comme des casseurs dans le Parlement, ils ne peuvent venir ensuite la bouche en coeur condamner les débordements. Ils doivent aussi, s’ils en sont capables, se remettre en question sur leurs propres violences et comment celles-ci alimentent les tensions.    

 

Ou était la police ?

Que faisait la police cette nuit du samedi 19 décembre? Elle protégeait principalement la Vieille-Ville, barrant son accès aux manifestant-e-s. Autrement dit : elle protégeait le Pouvoir et… elle-même, quand elle a été prise à parti par les manifestant-e-s au boulevard Carl-Vogt qui sont venu-e-s chercher la confrontation. Madame Bonfanti le reconnaît sans rire… la police se protège avant tout… elle même![5]

Quel incroyable constat d’échec!

 

 

Maudet ne sait ni prévenir ni contenir

 

Si prompt à jouer des sirènes et du communiqué de presse quand des djihadiste supposés traînent dans la région, à faire de l’esbroufe communicationnelle à tout va, Monsieur Maudet ne peut que venir la queue entre les jambes et les paniers à salade tristement vide ce dimanche dire sa peine et sa tristesse devant le saccage.

C’est un peu court.

 

Sa police a été incapable d’arrêter un seul casseur et surtout d’empêcher les déprédations. Sa seule excuse : ces derniers se déplaçaient à pied. Il n’a pas pu bénéficier de la chance d’une crevaison d’un pneu de camionnette pour faciliter une arrestation. Mais avec un peu de chance, la prochaine fois, quelqu’un glissera sur une peau de banane… cela permettra au moins une prise. Sans rire.

Nous sommes aujourd’hui la honte de la Suisse.

 

Maudet protège Stauffer, pas le Grand-Théâtre et les petits commerçants

 

La police est toutefois intervenue ! Pour défendre… Monsieur Stauffer, député MCG et son échoppe de l’avenue du Mail, prise pour cible. Des agents sont venus protéger l’incendiaire du parlement et l’extraire d’une situation dans laquelle il s’était jeté par son son goût de la provocation. Les autres commerçants n’ont pas eu cette chance… il faut dire qu’ils ne sont pas députés et n’ont pas de ligne directe avec Monsieur Maudet; et ils ne ne font pas de petits voyage en sa compagnie[6]

 

Il y a donc aujourd’hui une police pour les uns et pas pour les autres. Ces inégalités sociales créent de la colère dans la population. Je la comprends et la partage.

 

Payer toujours plus cher pour toujours moins de sécurité ?

 

Comme tous les Genevois, j’en ai marre des déprédations. Je ne supporte pas  la violence et les casseurs, qu’ils se trouvent dans la rue ou dans les parlements. L’injustice sociale qui pousse la police à protéger Monsieur Stauffer et la communication de Monsieur Maudet en laissant saccager le Grand-Théâtre et les magasins des petits commerçants m’écoeure.

 

Le magistrat en charge de la sécurité et de l’économie serait bien inspiré de revenir à la réalité. Plutôt que de se répandre dans la presse en disant sa tristesse et son impuissance avec ses amis du MCG, commencer à réfléchir à ses méthodes d’action. Car pour l’instant, ses méthodes créent plus de tensions et d’insécurités qu’elles n’en résolvent et surtout, elles coûtent très cher pour de très maigres résultats. Pas sûr que les Genevois-e-s acceptent d’en payer l’addition très longtemps.

 

 

 

[1] http://laculturelutte.ch

[2]http://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/29398411 

[3]http://www.20min.ch/ro/news/geneve/story/L-Etat-annule-le…

[4]http://www.lecourrier.ch/134635/un_elu_mcg_tance_pour_avo…

[5]http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/Monica-Bonfanti-D…

[6]http://www.lematindimanche.ch/read/ch.lematindimanche.ipa…

 

 

 

 

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16/12/2015

Barazzone joue à cache-cache-double mandat

Suite à la casse dans le budget de la Ville de Genève par une droite ivre de son nouveau pouvoir, le fait de voir Guillaume Barazzone absent des débats, en a choqué plus d’un, à droite (légèrement) comme à gauche (très profondément).

Monsieur Barazzone s’est piteusement justifié dans la presse. Ce n’était pas en raison de son agenda politique (Monsieur Barazzone a un double mandat qui l’a emmené à Berne lundi renforcer une révision du mariage rétrograde, que défend son parti), mais pour des raisons politiques se défend-il.[1]

Utiliser le mot politique pour se justifier de ne pas assumer sa fonction ni ce pour quoi les genevois l’ont élu et le rétribuent via leurs impôts est faire injure au mot de politique.

 

Des raisons politiques ? la belle affaire. 

Monsieur Barazzone a approuvé ce budget, il a réussi à y faire ajouter 25 pompiers au mois de novembre, puis l’a défendu devant la presse avec les quatre membres de gauche du Conseil administratif avant de… se débiner au moment de faire face à ses responsabilités.

« Je ne suis pas en phase avec le discours de la majorité du Conseil administratif tenu samedi. Je ne m’y suis pas du tout reconnu. Je l’ai jugé trop partisan et ne voulais pas y être associé. »

Voilà la seule justification de ce monsieur : ne pas se reconnaître dans les discours de ses collègues. Mauvais signal. Quant on en dans une équipe de 5, et que l’on obtient plus que les 4 autres sur un budget, que son parti organise le grand tabassage de la culture et du social, il est pour le moins malvenu de se poser en oie blanche ou en victime.

Son propre budget de droite que Barazzone n’assume pas

Le budget de la Ville voté dans la nuit de mardi est un budget de droite, voulu par la droite, Guillaume Barazzone en tête. En tant que seul représentant de cette droite au CA, il devait l’assumer publiquement.

Or, que faisait Monsieur Barazzone à Berne lundi ? Y donnait-il un signal politique ? Non. Aurait-il voulu donner ce signal qu’il aurait marqué son absence par communiqué à Genève le lundi même. Or, il ne l’a pas fait. Pensait-il que son absence allait passer sans autre? Rompre la collégialité pour des questions de forme est injustifiable. Monsieur Barazzone semble aussi peu concerné par la chose collective que par la solidarité envers les institutions. Pourtant, elles le légitiment. Or, aujourd’hui, il s’en sert plutôt qu’il ne les sert.

S’il y a quelque chose avec lequel Guillaume Barazzone n’est pas en phase, plutôt que le Conseil administratif de gauche, c’est notre système démocratique. Double-mandataire, jouant à cache-cache au moment du budget et rompant une collégialité pour servir son agenda personnel, il méprise nos institutions.

 

Un leader de la droite qui ne dit pas son nom

Idéologiquement, Barazzone désavoue toute la droite dont il est pourtant le représentant avec un aplomb hallucinant : « Il faut faire des économies, mais couper n’est pas la bonne solution, car les coupes linéaires ne permettent pas de dégager des priorités! Elles prennent les associations au dépourvu. »

Pourtant, il n’était pas là pour l’exprimer lundi, ni pour retenir ses troupes de couper. C’est une forme de lâcheté politique que de désavouer le lendemain des coupes qui impacteront la vie de centaines de gens et prétendre s’en émouvoir alors qu’il les a lui-même ordonnées.

 

Se moquer du monde sans oser rire de soi

Arrivé à ce point là, Monsieur Barazzone montre son vrai visage en se moquant de… tout le monde.

 

  • Il se moque tout d’abord du Conseil Administratif, brisant la collégialité pour trahir le conseil administratif sur un budget dont il est responsable et qu’il a signé.
  • Il se moque des règles du jeu de la démocratie. Tout comme celles de la loi, l’important dans notre système, c’est d’apprendre à les respecter. Or, quand on est minoritaire, on vit et on perd comme minoritaire, ce que la gauche a durement éprouvé durant le vote du budget. On ne se pose pas en diva en biaisant les règles. Sinon, cela devient de l’arbitraire, et c’est cela qui nourrit aujourd’hui une colère contre la droite. Invoquer une fois le respect de la loi et « La démocratie » pour dominer l’autre au nom du « respect des règles » est une chose ; mais l’invoquer aussi comme minoritaire pour biaiser le débat, et dans les deux cas, en tirer avantage, c’est bafouer les institutions. C’est ce que Monsieur Barazzone a fait durant le vote de ce budget. Il a voulu gagner sur tous les tableaux à la fois, utilisant chaque fois les institutions à son avantage. Est-ce cela la démocratie ? Non.
  • Il se moque enfin de son parti, le PDC, leader dans l’opération de coupes sauvages contre la culture et le social en affirmant que ces coupes ne sont pas une bonne chose. Il s’en distingue dans la presse alors qu’il en est l’instigateur. Mais quoi? Monsieur Barazzone n’a-t-il pas été élu comme conseiller administratif par le PDC? Comment la main peut-elle faire une chose et la tête une autre ? Cette schizophrénie politique montre l’incohérence politique de ces coupes. Au fond, elles ne sont assumées ni par la tête ni par la main qui s’en renvoient la responsabilité. Elles sont du même ordre que les grands discours que porte le PDC contre l’alliance avec le MCG au niveau cantonal. Mais au final: qui a été l’allié principal du MCG durant le vote du budget ? Le PDC…
  • Enfin, il se moque surtout de la population genevoise. En jouant au petit prince médiatique pouvant gagner sur tous les tableaux politiques, il montre son avidité de le faire au détriment de la chose commune et des vies en jeu, de la prospérité de Genève. Il montre, par son exemple, que les combinazione politique peuvent dominer sur la cohérence, et le trouble sur la transparence, ce qui jette le discrédit sur toute la classe politique.

 

Le règne du faux semblant

En raison de ses ambivalences et démissions, et tout ce que cela laisse envisager de chaos et de casses futures pour notre Ville de Genève:

J’aimerais inviter Monsieur Barazzone à la réflexion et à se demander s’il ne serait pas bienvenu de laisser sa place à un homme ou une femme de son parti, qui aurait plus à coeur et plus de temps que lui pour défendre les intérêts collectifs et surtout les assumer, quelles que soient ses options politiques.

J’aimerais aussi inviter Monsieur Barazzone à la réflexion sur son double mandat, afin qu’il soit capable d’être présent à Genève quand il y est, et assumer sa politique plutôt que de se défiler; effectuer un travail de duplicité entre le conseil administratif et le conseil municipal à Genève, mais aussi entre Genève et Berne n’est pas bon pour notre cité.

Enfin, l’inviter à considérer ce qu’il faut penser d’un magistrat filant à Berne quand ça devient difficile ici avant de revenir au bout du lac quand Berne lui déplaît, le faisant bien sûr toujours au nom des institutions et de notre Ville, mais au final lui causant un tort certain.

 

 

 

[1] http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/barazzone-absent-budget-voulais-associe-discours-partisan-executif/story/22042877

 

 

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15/12/2015

La droite s’enivre: le social et la culture trinquent

La droite s’est élancée sur le budget de la Ville de Genève pour le taillader. Tout à son enthousiasme de disposer enfin d’une majorité pour faire ce qu’elle voulait du budget 2016 de la deuxième ville de Suisse, elle a, après avoir refusé une première fois en septembre de faire le travail, choisi avant Noël de le hacher.

L’hybris de la coupe s’est emparée de la droite. Frénésie sélective quand même puisqu’elle a choisi arbitrairement d’épargner le sport, le Grand théâtre et les crèches…gare à la gueule de bois. Ses coupes ont permis de jeter une lumière crue sur l’inconsistance du seul magistrat de droite au Conseil administratif Guillaume Barazzone (PDC) qui a choisi de faire son lobby personnel à Berne, plutôt qu’honorer son mandat en Ville, et assumer le saccage de ses troupes.

La droite se renie

La droite coupant dans les budgets des associations culturelles et sociales, supprimant des emplois, le fonds de réinsertion fonds chômage, tout un pan de la vie associative locale, obnubilée par les chiffres abstraits, a perdu le contact avec l’économie réelle.

Elle a même perdu le contact avec ce qu’elle prétend encore défendre malgré elle: le courage d’entreprendre, la créativité, et l’engagement pour la collectivité. Si les explorateurs et entrepreneurs que la droite valorise avaient eu la même mentalité que cette droite rabougrie, ils auraient dit : nous ne pouvons pas avancer, il y aura peut-être des difficultés, restons au chaud, coupons tout. Arrêtons la vie.

Barazzone a choisit d’aller surfer à Berne, tranquille.

La gauche s’est opposée aux coupes déséquilibrant le budget municipal en refusant le boni de 15.5 millions effectué sur le dos des forces vives de la société.

Ces coupes votées produiront des charges reportées. Elles mettent directement en péril des associations, des emplois, la cohésion sociale, et diminuent fortement les prestations à la population. Par un effet domino, elles entameront aussi profondément des secteurs de la vie collective. Surtout, elles pénaliseront injustement certaines associations qui se voient déjà assommer par les coupes du Canton. Elles créent des inégalités de traitement injustifiées.

Quelques exemples parmi tant d’autres!

Centre social protestant
Pour le CSP, la baisse du Canton représente CHF 30’000.- de moins au budget. Cette baisse devra être compensée par une hausse des produits propres; cumulée à d’autres pertes, elle débouchera sur
une suppression de poste. Les coupes de 2% imposées au Centre Protestant de Vacances par la droite du conseil municipal les y condamnera probablement.

Caritas
Pour Caritas, la baisse du Canton sera du même ordre de grandeur que le CSP (CHF 30’000.-) avec les mêmes problèmes (compensation à chercher sur d’autres recettes) et les mêmes conséquences potentielles (nécessité de réduire les charges sur les coûts de personnel). Les coupes de 2% imposées en Ville les y condamnera.

F-information
Pour l’association destinée aux femmes et aux familles, les coupes cantonales  représentent 30’000.- en moins sur budget. C’est la suppression d’un poste de 30% avec 8 heures de consultation en moins par semaine pour les femmes. Le montant de la réduction ne pourra pas être compensé par ailleurs. La droite municipale y ajoute encore 2% !
Alcip
Pour l’Alcip, l’association de lutte contre les injustices sociales et la précarité, les coupes cantonales déboucheront sur une suppression de poste d’un permanent à 50 % et à ne plus pouvoir éditer leur journal. Ils vont devoir réduire également de moitié leur distribution de nourriture via Partage pour les plus démunis. Les 2% de coupe ajoutée en Ville limiteront encore l’appui aux plus démunis.
Boulevard, Aspasie

Pour les associations boulevard et Aspasie, aux 5% cantonaux doivent s’ajouter le 1% de solidarité avec l’association PVA (Personnes vivant avec) qui s’occupent des personnes atteintes du VIH. Boulevard a déjà perdu 6% de son budget pour 2016. Un poste de collaboratrice socio-sanitaire à été supprimé. Les coupes de 2% en Ville fragilisent encore plus la structure.
Pro Juventute
Pour Pro Juventute, les coupes cantonales représentent une diminution de 95’000.-  Comment y faire face? 2% de coupe en Ville en plus! Joyeux Noël pour les enfants.
A ces associations fragilisées qui surnageaient déjà difficilement, auquel le Canton a mis la tête sous l’eau. La droite municipale a choisi d’attacher une pierre.

 

Double coupes pour certains, triple coupes pour d’autres

Les acteurs culturels sont eux aussi frappés de plein fouet. Là aussi :  double sanctions des coupes cantonales et municipales. Cela fait donc 3% de coupe pour le Théâtre Am Stram Gram, Les Marionnettes, le Poche, la Comédie, l’Orchestre de Suisse Romande, L’Orchestre de Chambre Genevois, exemples parmi d’autres. Mais il faut là y ajouter encore la baisse de 10% des fonds de soutien à la création et aux manifestations !

Ces coupes interviennent dans un contexte économique difficile pour la culture, avec une crise financière, et le franc fort. Les coupes de la droite touchent un secteur vital pour la ville locale ayant permis l’engagement de presque deux mille personnes en 2014.

Elles affectent les petites institutions qui n’ont pas de budget de production, mais aussi les manifestations qui en dépendent: fête du théâtre, fête de la danse, festival Electron, Black Movie, Filmar, Animatou, Ciné Transat, etc.

Ce sont donc directement des prestations à la population qui sont touchées.

 

La droite n’aime pas la musique

Si l’on prend le fonds général Musiques et chorales, ce sont les ensembles suivants de musique populaire qui seront touchés : Empro, Losange, Fifres et tambours, Cercle choral, Union accordéonistes mixtes, etc… la culture porte seule plus de 10% des coupes de la droite!

Pourquoi un tel acharnement sur ce qui fonde le vivre ensemble?

 

Tout le monde y perd

Au final, les habitant-e-s de la Ville de Genève paieront toujours autant d’impôts pour moins de service. La production collective de richesse en Ville sera atteinte. Ceux qui ont de la peine à boucler les fins de mois seront les premiers touchés.
La gauche s’est opposée à cette ivresse destructrice de la droite qui, pour une question de posture politique, a balayé le fait que les dépenses de fonctionnement de la Ville sont sous contrôle (1%), que la gouvernance et la gestion financière de la Ville sont fortes. Aujourd’hui, la Ville honore sa dette, dispose de liquidités. Pourquoi casser un budget à l’équilibre? Est-ce parce que la Ville fait mieux que le Canton que la droite veut la faire tanguer ?

 

Retirer le coupe-coupe des mains de la droite
La population augmente, les besoins croissent. L’endettement des collectivités publiques ne conduit pas à des politiques restrictives. La dette en ville de Genève est sous contrôle et n’entame pas l’exercice budgétaire.

Par contre, la politique du coupe-coupe à courte vue détruit une économie réelle de proximité, des savoirs-faire, et une production de richesse. Aujourd’hui, la Ville assure les moyens de ses prestations. Avoir sabré dans ce budget 2016 met en péril tout un pan de l’économie et de la population.

 

Les référendums sinon rien

La gauche lancera donc des référendums pour contester ces coupes devant le peuple. Je suis persuadé que le peuple les soutiendra et refusera de payer toujours plus pour recevoir toujours moins, et de valider ces coupes qui vont contre son intérêt et son attachement à des associations et acteurs culturels de Genève qui le lui rendent au centuple.

 

Quant au PDC qui tabasse le social et la culture avec un magistrat absent et se lie toujours plus étroitement au MCG malgré ses grandes déclarations de refus d’alliance avec ce parti, il est définitivement passé du côté des tartuffes.

 

Barazzone démission
Et si Monsieur Barazzone a oublié qu’il a été élu pour siéger dans un Conseil Administratif en Ville de Genève et y faire son boulot, qu’il démissionne. Son absence durant le vote du budget illustre bien l’incohérence des discours de la droite et son irresponsabilité.

Appeler les autres à la rigueur tout en se donnant des passe-droits est hallucinant. La droite devrait s’appliquer sa morale avant de l’imposer à ceux qui, faisant leur travail, luttant au quotidien, créent des richesses et améliorent la vie en Ville de Genève.

 

 

 

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11/12/2015

Terrorisez-vous, n’ayez pas peur

Terrorisez-vous, restez chez vous, téléphonez à la police si vous voyez un barbu, une djellaba, une valise abandonnée, un sac à main, un mouchoir en papier, une corne de gazelle, une canette de coca délaissée.

Terrorisez-vous, lisez la presse sur les peut-être il se peut on ne sait jamais mieux y croire, mieux vaut prévenir que guérir, il ne se passe rien il faut le dire, Genève est une cible mondiale, personne ne s’y intéresse.

Terrorisez-vous, faites-confiance à toutes les rumeurs, ayez peur du passage de toutes les camionnettes, serrez-les fesses, partez à la campagne, ne restez surtout pas seuls, levez les bras au ciel.

Terrorisez-vous, regardez chaque jeune du Lignon des Avanchets de la mosquée comme des kamikazes potentiels, chaque jeune tout court, toute barbe et plaques françaises ou belges, tout ce qui est précaire est dangereux. Comptez les jours depuis le dernier article parlant de possibles éventuels départ en Syrie, craignez le retour, craignez qu’il ne se passe rien, ça continue sûrement dans l’ombre alors.

Terrorisez-vous, dites à tous vos amis du monde que vous les aimez, que vous allez bien, touchez-vous sur twitter, mais pas en vrai, renoncez aux cadeaux de Noël, remplissez-vous la panse, fuyez la foule, les rassemblements, la fête de l’escalade, les matchs de hockey… le foot vous pouvez y aller, il n’y a jamais personne.

Terrorisez-vous, rumorisez-vous, paranoïez-vous. Floutez les visages de tous les barbus, tout le monde est suspect, même vous, doutez de tout, ne soyez pas, fantasmez, violentez-vous, retournez-vous dans la rue, épiez votre voisin, cachez-vous, ne dormez plus, faites la guerre au poil, au Coran, aux croissants.

Terrorisez-vous, la menace est partout, aliénez-vous, la menace est personne, sursautez dans la rue, restez bien informés, il ne se passe rien, on ne sait jamais. Mettez des photos de flics en armes partout, postez-vous dans la rue, transparencez-vous, montrez patte blanche, ne cachez rien, ne dites rien, ne pensez plus, ne contestez pas, ne dansez pas, laissez-vous fouiller de fond en comble s’il le faut, rendez-les armes, vous n’en avez pas.

Faites comme Pierre pas Simonetta, hurlez au loup, agitez-vous, soulevez la poussière, rameutez la presse, bloquez une rue, ne tenez pas compte de Berne, écoutez la CIA, Facebook, radio psychose, la menace est partout. Faites comme d’habitude, ne changez rien à vos angoisses, élevez les d’un cran, degré rouge orange bleuté vert avec clignotement de sirènes, il n’y a pas de quoi s’inquiéter.

Faites comme vous avez toujours fait, tout est sous incontrôle, terrorisez-vous juste une pincée, rentrez plus tôt.

Terrorisez-vous, terrez-vous, téléphonez-vous, inquiétez-vous les uns les autres, partez en vacances ne partez plus, réservez, annulez, réservez, questionnez mille fois le lieux de vos repos, partez au Nord, à Helsinki ou Stockholm, marchez sur la pointe des pieds, comptez jusqu’à cent dans la rue, jetez-vous à terre pour vous entraîner, fermez les portes sans les claquer, gardez la tête froide, rampez.

Surtout dites vous que vous n’avez pas peur, car ils auraient gagnés.

Informez-vous, terrorisez-vous, n’ayez pas peur.

 

 

 

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Voulez-vous être les dindons de la dette?

En Ville de Genève, la droite a annoncé en commission des finances vouloir faire un bénéfice de 15.9 millions. Elle a déposé des amendements pour des réductions linéaires dans le domaine de la culture, du social et de l’économie de proximité.

La droite veut casser l’économie réelle qui produit de la richesse et offre de l’emploi à de nombreux habitant-e-s pour « rembourser la dette ». Elle prétend infliger à la structure publique les remèdes qu’elle a développé dans le privé au bénéfice des conseils d’administration et au détriment des gens. Sauf qu’une entité publique ne se gère pas comme un fonds entrepreneurial; ses objectifs ne sont pas similaires. Sa finalité n’est pas de faire du bénéfice, mais de répondre aux besoins de la population.

 

Il n’est pas dans la vocation d’une crèche de faire du bénéfice, il n’est pas dans la vocation d’un théâtre de faire du bénéfice, il n’est pas dans la vocation de la fête de la musique d’augmenter son cash-flow ou aux associations s’occupant des plus précaires de faire du fric!

En réalisant leur mandat social, culturel, économique, ils créent des richesses et évitent l’appauvrissement de notre société. La mission de la collectivité est de leur permettre d’exercer leur travail pour le bien de toutes et tous, pas de l’entraver.

 

L’hypnose de la dette

Rembourser la dette à tout prix est le seul argument que la droite revancharde et frustrée par des années de posture minoritaire parvient à articuler pour montrer qu’elle est désormais aux commandes du cénacle municipal. Mais que veut-elle  ? Elle même ne le sait pas. Elle ne donne aucune impulsion politique, aucune direction, ne fait aucun choix. Elle veut juste « rembourser la dette » (n’importe comment, tout en créant des coûts reportés) et couper au plus court, sans concertation, sans réflexion, en biffant des lignes transversales d’un budget sans savoir ce qu’il y a dedans. 

 

La santé économique de la Ville est excellente

L’argument du remboursement de la dette est extrêmement faible. Tout d’abord, parce que la Ville de Genève bénéficie d’une économie forte avec un produit intérieur brut par habitant très élevé en comparaison internationale. Les dépenses de fonctionnement sont contrôlées (1%). La gouvernance et la gestion financière de la Ville sont excellentes. La gestion de la dette et de la trésorerie est prudente. Genève fait preuve d’un contrôle étroit sur ses entités satellites.

La Ville a effectué en mai 2014 un remboursement obligataire de 200 millions de francs suisse. Les prochains échéances de remboursement obligataire ne seront pas avant 2023. En conséquence, le service de la dette intègre uniquement à l’heure actuelle les charges financières et la dette à courte terme de la Ville. Il ne s’agit pas là de propagande socialiste… mais du rapport de Standard’s and Poor’s de novembre 2015 qui crédite la Ville de Genève de la note AA- et que l’on ne peut qualifier d’officine de propagande de gauche.

 

Du danger de prendre les gens pour des dindons

L’argument monomaniaque du remboursement de la dette est dangereux. Parce qu’en proposant à une collectivité publique de faire du bénéfice en coupant dans les prestations pour donner de l’argent à une économie virtuelle, cela affaiblit la collectivité et revient à engraisser des banquiers qui n’ont même rien demandé. Ces derniers ont prêté de l’argent sans intérêt à la Ville de Genève, voir à intérêt négatif.  Il est donc faux de dire que l’endettement des collectivités publiques conduit à des politiques restrictives! Ce qui est certain, c’est que la politique du coupe-coupe à courte vue détruit une économie réelle de proximité, des savoirs-faire, et une production de richesse.

 

Garder la tête froide

La déclaration de guerre de la droite élargie visant à faire du bénéfice sur un budget équilibré est négative pour la Ville de Genève. Couper les prestations à la population en temps de crise, est un choix politique périlleux et rajoute de l’insécurité à l’insécurité à un moment où il faut garder la tête froide.

Pas sûr que les genevois-es accepteront de payer plus pour obtenir moins de prestations. Pas sûr non plus que les moins fortunés accepteront d’éponger l’austérité plus fortement que ceux qui ont 10 fois plus de moyens qu’eux. Si la droite va jusqu’au bout de sa logique accidentelle, un référendum s’imposera afin de lui retirer le coupe-coupe des mains.

 

Ne soyons pas les dindons de la dette !

Ce qu’il faut retenir des remèdes ultra-libéraux de la droite ? Toujours moins de prestations pour le public; une fragilisation de l’économie pour un renforcement de l’économie virtuelle au détriment de l’économie réelle; une non-concertation avec les politiques cantonales, un mépris des associations qui vont se voir couper deux fois, et subir en quelque sorte une double peine, d’une manière totalement aléatoire, et sans réflexion sur les buts poursuivis;  un mépris des syndicats, des employés, de toute forme de réflexion participative ; une litanie, : réduire une dette.. pourtant contrôlée qui ne péjore pas les finances de la Ville, bien au contraire, elle lui permet d’entreprendre.

Ce qu’il faut retenir des remèdes ultra-libéraux de la droite ? une fièvre monomaniaque de montrer son pouvoir de nuisance et le dresser contre tout ce qu’elle ne peut comprendre ; enfin : un aveu d’impuissance et de faiblesse politique : détruire est toujours plus facile que construire.

Les genevois accepteront-ils d’être les dindons de la dette, et de payer un prix fort pour voir leurs prestations baisées par les petits comptables frustrés de la droite qui n’ont qu’une idée en tête … faire jouer les autres au jeu de « qui veut perdre des millions » pendant qu’ils tirent les marrons du feu pour leurs petits copains de la finance et banquiers ?

Réponse samedi 12 décembre dès 8h pour le vote du budget en Ville de Genève.

Rassemblement citoyen 8h même jour au 2 Hôtel de Ville pour s’opposer aux coupes.

Et joyeuse escalade !

 

 

 

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08/12/2015

Croire ou ne pas croire, telle n’est pas la question

Soyons tous à la place du Molard à Genève le mardi 8 décembre 2015 à 18h30, pour répandre la lumière et la bonté!  Des beignets, du vin chaud et une surprise pour chaque participant vous attendent avec une atmosphère chaleureuse et joyeuse, des chants, danses, et bien sur l’allumage de la Ménorah la plus haute de toute la Suisse! C’est par cet appel que, tant sur Facebook que sur son site internet [1], l’association Habad Genève « the center of jewish life in Geneva » annonce l’événement de Hannouca – la fête des lumières- au coeur de la cité de Calvin. 

 

Ayant contacté le 2 décembre Messieurs Guillaume Barazzone et Rémy Pagani afin d’avoir de plus amples informations sur la tenue de cet évènement et son autorisation par la Ville de Genève, je n’ai reçu, à ce jour, aucune réponse. Diable, le religieux serait-il si sulfureux qu’il rend nos conseillers administratifs mutiques? Dommage, parce qu’il n’y a pas là de quoi être mal à l’aise.

 

L’expression religieuse a pleinement sa place dans l’espace public

Je me réjouis de voir allumée à Genève la plus haute Menorah de Suisse, de la tenue d’un événement festif et joyeux. Aux laïcards qui auraient l’idée saugrenue de s’étonner d’un tel événement dans l’espace public, je souhaite rappeler que le nouveau projet de loi sur la laïcité de l’Etat autorise, dans son article 7, la tenue de manifestations religieuses cultuelles et non cultuelles sur le domaine public. Rappeler aussi que la Ville de Genève s’était vue condamner par un tribunal administratif de première instance au début de l’année 2015 pour avoir interdit des stands religieux à Genève.[2]

Je soulève toutefois avec un brin d’ironie le « deux poids deux mesures » de tous les intolérants, tous ceux qui prétendent s’insurger contre le religieux mais que l’on entend glapir à orientation variable suivant quelle religion est impliquée. Ceux-là même que l’on a tant entendu critiquer le fait que la Ville de Genève entretienne ses bâtiments historiques portant une croix; ou les autres, les islamophobes notoires, qui stigmatisent la religion musulmane tout entière dès qu’ils voient un voile ou qu’un fichier S est découvert à moins de cent kilomètres de chez eux. Ceux-là montrent que leur interprétation de la laïcité est une instrumentalisation maniaque éloignée du droit, visant uniquement à stigmatiser telle ou telle tradition, culture, en la caricaturant.

Quand certains détournent la religion pour des visées terroristes, d’autres en font de même avec la « laïcité » pour des visées totalitaires et liberticides au mépris du droit et de nos traditions démocratiques.

 

Libérer la liberté d’expression

Partager ses convictions publiquement fait partie intégrante d’une liberté inscrite dans la Constitution suisse (article 15). L’article 9 de la Convention européenne des droits de l’homme intitulé « liberté de pensée, de conscience et de religion » oblige les Etats parties à la Convention à respecter et protéger ces libertés.

Il me semble important, en ces temps troublés, de montée de psychose et d’intolérance, où certaines femmes se font insulter parce qu’elles portent le voile, se le font arracher en sortant du bus à Genève, et renoncent à porter plainte, de rappeler cet article 9  : « toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Chacun a le droit de changer de religion ou de conviction et a la liberté de manifester sa religion, individuellement ou collectivement, en public ou en privé. Toutes les croyances reconnues sont protégées par ce droit. L’un des enjeux modernes du respect de la liberté de pensée, de conscience et de religion réside, tant au niveau international que national, dans la montée de l’intolérance religieuse… » 

Cet été, la Ville de Genève avait autorisé la tenue d’une rupture du jeûne du ramadan sur la place de la Navigation [3]. Sans plainte dans le quartier, à la satisfaction des habitants, trouvant utile d’avoir participé à cet événement et pouvant découvrir, loin des fantasmes et de la paranoïa, l’expression ouverte et simple d’un phénomène religieux. Cet événement a crée des liens entre les jeunes et les aînés.

 

Le péril de la stigmatisation

Aujourd’hui, le péril n’est pas dans le religieux, il est dans les extrémistes de tout bord, les forcenés, les intégristes, qu’ils soient laïques, islamophobes ou antisémites, ne voulant pas établir un rapport équilibré au religieux, à l’autre, mais le stigmatisant pour l’isoler et le nier.

Aujourd’hui, le péril n’est pas dans le religieux, il est dans le défi du vivre ensemble.

Le fait religieux doit être accueilli, sans fantasmes, sans paranoïa, sans délire sécuritaire, mais avec une volonté relationnelle forte, et le désir de vivre ensemble, dans la diversité et le respect du droit et de chacun.

 

Considérer le fait religieux face à face

Les autorités doivent aujourd’hui prendre réellement conscience que le religieux doit être exprimé, expliqué, afin de faire baisser la peur panique qu’il suscite. Et le droit rappelé, encore, toujours: rien que le droit.

Cela demande des moyens et une volonté politique, car rien ne tombera du ciel.

Il faut ici particulièrement louer les actions du Bureau d’intégration des étrangers(BIE), actif sur le champ de ces questions, depuis de nombreuses années. Le BIE permet aux différents acteurs de se réunir, partager leurs pratiques, et s’impliquer dans des projets concrets (semaine d’actions contre le racisme) en soutenant avec pédagogie, des entreprises qui visent à construire l’avenir et le vivre ensemble plutôt que le rejet et la haine de l’autre.

Islamophobes, terroristes : même visées

Madame Vallette, dans son dernier billet,[4]  prise au piège de son islamophobie crasse,  fait la preuve de son ignorance du fait religieux et de son intolérance face à tout ce qui symbolise la religion musulmane en s’en prenant à un colloque sur le voile qui avait lieu à l’université et à l’exposition de photographique de Denis Ponté « Face à elle » au théâtre Saint-Gervais. [5] Elle en profite aussi, au passage, pour attaquer un service de l’état au lance-flamme.

Au moment où l’ignorance bat son plein et où l’obscurantisme nous menace, madame Vallette montre qu’il n’y a pas besoin de porter la barbe et la kalachnikov pour se donner mission de supprimer la Culture, le dialogue et les services de l’Etat .   

La bêtise nous menace. La bêtise est sur nous. Elle fait un travail de sape radical.

Le respect du droit, l’établissement de la justice sociale, un rapport à l’acte de croire ou de ne pas croire respectueux de l’autre dans l’observation pleine et entière de nos constitutions est le cap qu’il nous faut tenir ; le défi à relever afin de ne pas alimenter les discours de haine et de dissension.

Croire ou ne pas croire, telle n’est pas la question.

Le respect plein et entier du droit et de l’autre, oui.

 

 

 

 

[1]http://www.habadgeneve.ch/templates/articlecco_cdo/aid/20…

 

[2]http://www.rts.ch/info/regions/geneve/6644216-l-interdict…

[3] http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/rupture-jeune-org…

[4]http://boulevarddelislamisme.blog.tdg.ch/archive/2015/12/…

[5] http://www.saintgervais.ch/programme/detail/face-a-elle

 

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28/11/2015

Climat : je marche, donc nous sommes

Pluie, neige et froid. Un temps tempéré aujourd’hui pour manifester pour le climat. Mais qu’est-ce que cela veut dire, au juste, manifester pour le climat?

Est-ce que le climat a besoin de moi, de nous, de nos chants, de banderoles et des schémas alarmants des courbes de Co2 prenant l’ascenseur?

Le climat n’a pas d’âme pas de liens, pas de responsabilités; il se moque que notre terre se torréfie et que nous soyons destinés, à plus ou moins courte échéance, si rien ne change, à y cuire.

Le climat nous grillera tous comme les derniers des criquets à la fin d’un été torride. Mais nous, en attendant… quelle vie voulons-nous et pour combien de temps? Alors que la conférence de Paris sur les changements climatiques s’ouvre du 30 novembre au 11 décembre, marcher pour le climat, c’est marcher pour l’humain.

C’est aller pour la vie, l’affirmer.

 

La tyrannie de l’état d’urgence

L’air social est devenu, en certains lieux du continent, irrespirable. L’Etat liberticide a pris le pas sur l’état d’urgence. La France embastille aujourd’hui même 24 militants éco socialistes au nom de l’Etat d’urgence[1]. Elle opère des perquisitions administratives contre des couples de maraîchers bio et des associations de semeurs de graine ! Partout, des manifestations pour le climat ont été annulées en Europe pour risque d’attentat. La responsabilité de manifester est aujourd’hui plus grande que jamais, au nom de ceux qui sont empêchés de le faire.

Les corrélations entre terrorisme et climat sont clairement posées.[2] Les liens entre instabilités géopolitique, migrations, noués. Il y a des luttes et des mouvements qui sont en marche. L’air du temps est à la défense de nos droits fondamentaux, ceux de vivre, s’opposer, respirer, manifester.

 

Marcher pour l’éco-socialisme

Marcher pour le climat, c’est marcher pour les humains, dans leur écosystème; se balancer d’un pied sur l’autre, refaire encore et encore ce geste ancestral caractère des premiers hominidés. Geste d’humanité, depuis l’acquisition de la bipédie il y a 4 millions d’années ; de Lucy à ceux qui ont pressé le pas pour se mettre à l’abri le 13 novembre et pour tous ceux et toutes celles qui vivent sur cette planète, soumis aux aléas climatiques et sociaux, à l’accentuation des dérèglements.

 

Cyclo-révolutionnaires de tous les pays unissez-vous

Je marche pour un écosystème durable et protecteur, dans un pays libre. Je marche pour ceux qui partent à pied en laissant tout derrière eux, et se heurtent à des murs.

Je marche pour une réflexion profonde, morale (même si ce mot est raillé par les cyniques), sur la politique capitaliste coûteuse et à courte vue, qui sectionne nos héritages et ampute notre avenir aussi sûrement que des rafales de kalachnikov.

Je marche contre un système fou consumant un présent frénétique, avec l’hypocrisie d’une société se rêvant à 2000 watts mais n’arrêtant pas d’ajouter des prises et des câbles, des prothèses numériques à son vide existentiel.

Je marche contre ceux qui appellent cyclo-terroristes ceux qui veulent une place devant les 4X4, et mettent en taule des gamins de 16 ans parce qu’ils n’ont pas le bon permis de séjour.

 

Marcher pour la vie

Aujourd’hui, marcher pour le climat, c’est marcher pour une vision durable de l’humain dans son écosystème, respectueux de ce qu’il a reçu gratuitement, responsable de ce qu’il transmettra après lui.

C’est marcher pour faire groupe, corps, agréger les possibles, à mille ou deux mille à Genève et toujours plus demain, malgré toutes les menaces, contre toutes les résignations.

C’est marcher pour arrêter de rêver que nous sommes dans une bulle hors du monde, et que notre avenir se construira cloîtré chez soi avec un état d’urgence imposé et des camions de police dans la rue, soumis à l’angoisse unique que la connexion internet ne lâche et qu’il faille écrire Je suis nombril pour se sentir encore exister un tout petit peu.

 

 

Marche pour le Climat. Samedi 28 novembre, Genève.

Rassemblement à 13h, place des 22 Cantons.

 

[1]etat-d-urgence-cosse-s-insurge-contre-la-mise-en-cause-de…

[2]Terrorisme-et-si-on-cherchait-les-causes-du-cote-du-chang…

 

 

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23/11/2015

Au nom d’Allah, du marché et de l’audimat

Début octobre, la SSR annonçait la suppression de 250 postes et la réduction de programmes, films, séries, émission religieuses et littéraires. Le Tribunal fédéral ayant décidé d’amputer la TVA à la redevance, la SSR devra faire face à quelque 35 millions en moins par an. Mais en 2018, l’élargissement de la redevance, (acceptée en votation populaire en juin 2015), apportera des recettes supplémentaires!  La SSR pourrait donc s’endetter, temporairement, et ainsi dépasser ce cap sans casse. Pourtant, la direction de la SSR a fait le choix de couper dans l’offre, les programmes… et dans les postes. Cette gestion à courte vue est désastreuse, pour les postes d’emploi à Genève, l’économie locale, et le public. Et puis, couper des émissions littéraires, sur le fait religieux, par les temps qui courent… faut-il être sot !

 

Le mépris du partenariat social

La direction de la SSR confirmait, le 17 novembre, après « consultation », vouloir sacrifier les emplois publics. Ceci, malgré plus de 400 propositions d’économie alternative avancée par le personnel.[1] Ces propositions alternatives ont été balayées par la direction. La consultation a servi d’alibi. [2] Une consultation bidon, certes prescrite par la loi, mais sans effet, pour entériner des coupes avant même que le parlement fédéral n’ait été saisi.[3]  Une consultation pipeau donnant quittance aux petits soldats du management et de l’austérité: les sots, champions de l’abêtissement généralisé.

Vous reprendrez bien un grand Prix de Formule1 et une couverture saignante d’attentats pour vous exciter le dimanche soir ?

 

Pour une vrai radio-télévision publique

Et si la radio-télévision publique se recentrait sur le service… public, avec des émissions de qualité,  et d’approfondissement?

Et si l’on protégeait la radio de la structure organisationnelle qu’a imposé la télévision sur la radio ? Si l’on sortait du règne du nivellement par le bas, avec un affaiblissement général des programmes par manque de moyens et le diktat de l’audimat?

Si rien n’est fait pour contrer cette entreprise d’abêtissement général, nous allons à terme vers la mort du service public. Alors, si l’on veut louer la liberté d’expression et défendre notre mode de vie, ce n’est pas seulement dans l’après coup, après que des terroristes aient tiré dans le tas, mais aussi quand les exécutants de la doxa financières suppriment des lignes, des services et des postes, compriment les cerveaux et compactent la masse.

Il est temps de monter aux barricades pour refuser qu’au nom d’Allah, du marché ou de l’audimat, l’entreprise de vidage de cerveaux ne soit généralisée.

 

Le travail de sape des sots

Encore un mot. Dans le Matin Dimanche, j’ai lu avec stupéfaction la proposition d’un député genevois, fort sot, d’ajouter 2 millions aux forces de sécurité du canton pour qu’elles aient de plus performants fusils et gilets pare-balles pour combattre d’éventuels terroristes. Sauf que, deux pages avant, le chef des polices romandes annonçait, rassurant et professionnel, le parfait équipement et la capacité adéquate à faire face des polices romandes!

Ceci pour démontrer la sottise et la surenchère dans laquelle nous sommes embarqués; la vilaine pente de la dictature de l’audimat, de l’émotionnel et du tout sécuritaire, qui fait plier la raison.

Il suffit aujourd’hui à certains d’hurler sécurité sécurité, armement armement pour dégommer les moyens pour l’éducation, le social, la conscientisation des esprits.

La direction de la SSR, les bancs de droite des députés, les sots: alliés objectifs des terroristes, dans leur entreprise de sidération et d’abêtissement généralisé.

La 5e colonne est au Parlement

Vous cherchez la 5e colonne des terroristes? Je vous en prie, n’allez pas à la mosquée ou dans les quartiers précarisés, vous la trouverez à la droite du Parlement, et dans certains conseils d’administration. C’est là qu’elle est implantée et déploie ses effets délétères.

Au nom du marché, du profit et de l’austérité; cherchant à détruire l’Etat, le vivre ensemble, avec une compréhension sotte et à courte vue d’une société sans culture et sans justice sociale, cette 5e colonne façonne une société extrêmement vulnérable.

Si nous laissons faire ce travail de sape, à ce rythme là, nous n’aurons bientôt plus besoin de terroristes, pour que tout s’écroule.

Notre société tombera d’elle-même, absorbée par sa propre vacuité (mais avec des budgets équilibrés).

 

 

[1] http://www.ssm-site.ch/fr/medienmitteilung-das-ssm-ist-schwer-enttaeuscht/

[2] http://www.ssm-site.ch/fr/note-de-protestation-relative-a-lissue-de-la-procedure-de-consultation/

[3] http://www.edito.ch/fr/2015/11/17/ssr-la-consultation-nau…

 

 

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De la Sottise (D.Bonhoeffer)

 

 

La sottise est une ennemie du bien plus dangereuse que la méchanceté. On peut protester contre le mal, le mettre à nu, l’empêcher par la force; le mal porte toujours en soi un germe d’autodésagrégation, en laissant derrière soi un malaise. Nous sommes impuissants contre la sottise. Nous n’obtenons rien, ni par nos protestations ni par la force; le raisonnement n’opère pas; les faits qui contredisent ses préjugés, le sot ne voit pas la nécessité de les croire – dans ce cas, il va jusqu’à devenir critique- et lorsqu’ils sont inattaquables, il peut les mettre de côté comme cas isolés sans signification.

Contrairement au méchant, le sot est entièrement satisfait de lui-même; il devient même dangereux lorsque, facilement irrité, il passe à l’attaque. C’est pourquoi la prudence est de mise davantage face au sot que face au méchant. Nous n’essaierons plus jamais de convaincre le sot par le raisonnement; ce procédé est absurde et dangereux. Pour avoir prise sur la bêtise, il nous faut chercher à comprendre son essence. Elle est un manque qui n’est certainement pas intellectuel, mais bien plutôt humain. Il existe des gens d’une grande souplesse intellectuelle qui sont sots, et d’autres qui, bien qu’engourdis intellectuellement, sont intelligents. A notre grande surprise, nous avons fait cette découverte dans des situations précises. On constate que la sottise n’est pas un défaut inné, mais que, dans certaines circonstances, les gens s’abêtissent ou se laissent abêtir. Nous observons en outre que chez les solitaires ce défaut est plus rare que chez les gens ou dans les groupes qui penchent vers la sociabilité ou qui y sont contraints. Ainsi, la sottise semble être un problème sociologique plutôt que psychologique. Elle est une forme spéciale de l’influence des circonstances historiques sur l’homme, une manifestation psychologique qui accompagne un certain état de choses. En y regardant de plus près, nous constatons que n’importe quel grand déploiement de puissance extérieure, politique ou religieuse, frappe de sottise une grande partie de l’humanité. Cela semble être carrément une loi psycho-sociologique. La puissance des uns a besoin de la sottise des autres.

Dans ce processus, certaines aptitudes de l’homme, comme l’intelligence, ne viennent pas à manquer brusquement, pas plus qu’elles ne s’étiolent, mais, sous l’influence écrasante de ce déploiement de puissance, l’homme est privé de son indépendance intérieure et renonce consciemment ou inconsciemment, dans telle ou telle situation, à une attitude personnelle. Qu’on ne s’y trompe pas: l’obstination fréquente du sot ne doit pas nous faire croire qu’il agit ou pense de façon autonome. Dans la discussion, on sent nettement que ce n’est pas à lui personnellement qu’on a à faire, mais aux grands mots qui le possèdent. Il subit un charme, il est aveugle. On abuse de sa personne, on l’aliène. Devenu ainsi un instrument dépourvu de volonté propre, le sot sera prêt à commettre n’importe quelle mauvaise action, et en même temps incapable de la reconnaître comme telle. C’est là le danger d’un abus diabolique. Par là, des hommes pourront être abîmés pour toujours.

Il saute alors aux yeux, précisément, que seul un acte de libération peut vaincre la bêtise, et non pas le raisonnement. On est obligé de convenir qu’une vraie libération intérieure ne peut intervenir que lorsqu’elle est précédée d’une libération extérieure; jusque là, il nous faut renoncer à toute tentative de convaincre le sot. Cet état de choses explique d’ailleurs pourquoi nous nous efforçons toujours en vain de savoir ce que “le peuple” pense réellement, et pourquoi cette question est si inutile pour celui qui pense et agit de façon responsable, toujours dans certaines circonstances. Le texte biblique qui dit : “la crainte de l’Eternel est le commencement de la sagesse” (Ps 111:10) déclare que la libération intérieure de l’homme responsable est la seule victoire véritable sur la sottise. Du reste, ces pensées sur la bêtise sont consolantes en ce sens qu’elles ne permettent absolument pas de croire sotte la majorité des hommes en toute circonstance.

Les autorités attendront-elles davantage de la sottise des hommes ou de leur intelligence et de leur liberté intérieure ? Tout dépendra de cela.

 

Dietrich Bonhoeffer, Résistance et Soumission, Editions Labor et Fides.

 

 

 

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20/11/2015

Touche pas à mon Etat

Suite aux attaques de Paris de vendredi passé, les services publics sont en première ligne, et montrent, s’il en était besoin, ce qui nous permet de vivre et survivre ensemble, ce qui fait le liant dans nos sociétés.

La police, les pompiers, les ambulanciers, les psychologues, les bénévoles coordonnés par des travailleurs sociaux, les douaniers, la Mairie de Paris, les radios publiques, les médecins, les infirmières, les pompes funèbres, les experts, les consultants, les spécialistes, formés dans des universités, tous en premier ligne, tous au service de la population. Ceux qui travaillent en amont, les puéricultrices, les artistes, les éducatrices, les enseignants, les matons, les juges, les gardiens de la loi, tous et toutes: au  service de la population.

Ces services, c’est l’Etat, qui se positionne, affirme, protège, pare au plus pressé, travaille et évite que la catastrophe ne se transforme en apocalypse.

 

Touche pas à mon Etat ! 

Ces services, c’est tout ce qui, pour les petits soldats du libéralisme, « coûte cher » et ne rapporte rien ; tout ce qui, alors que nous nous balançons au-dessus de l’abime, voir que nous y avons déjà un pied, nous retient par le col.

Vous vous demandez parfois à quoi servent les impôts? A nourrir, éduquer, protéger, soigner, entretenir, choyer, et protéger.

Vous vous demandez parfois à quoi servent les impôts? A préserver le vivre ensemble. A établir un Etat que les tenant de l’austérité et du libéralisme forcenés veulent mettre à bas.

 

Est-ce que Mac Do nous protègera des attaques terroristes?

Est-ce que Procter & Gamble, UBS, Crédit Suisse, les patrons du trading et de la finance viendront ramasser ta maman sur le trottoir quand un connard l’y aura collé?

Non, selon le modèle américain, et les normes du management contemporain, ils l’enjamberont pour aller travailler, parce que ce n’est pas rentable de ramasser les mamans au sol.

Il est choquant qu’aujourd’hui, des entreprises ayant quitté la France pour venir s’établir en Suisse, n’y paient pas d’impôts, s’y trouvent à l’aise, en sécurité, bien content d’être ici, à l’oeil et en sécurité, pendant que d’autres se font canarder, que des ressources qui devraient être alloués pour lutter contre le terrorisme, l’insécurité, en France et en Suisse, se trouvent évacués pour engraisser des actionnaires.

Il est choquant que la droite veuille une transparence totale sur les citoyens (Lrens), et protège par des lois spéciales l’opacité des circuits financiers depuis des décennies (secret bancaire, forfaits fiscaux), se faisant l’allié objectif des terroristes, d’Oussama Ben Laden à Daech.

Il est choquant que malgré le péril, la droite la plus bête du monde, veuille encore dégommer l’Etat.

 

Le terrorisme est le visage ultralibéral de la guerre économique

J’ai été éberlué d’entendre le patron d’un des cafés mitraillé de Paris, motiver ses employés à reprendre le travail le lundi suivant la canarde, comme s’il s’était agi là d’un événement mineur : allez hop les gars on y retourne… on va pas se laisser abattre. Il y avait une part d’héroïsme là-dedans, de résistance, oui. Mais il y avait aussi une part de folie, l’impossibilité de freiner, se réparer, se recueillir, soutenue par la tyrannie du travail.

Comme le déni du hamster dans sa roue, une frénésie : la terrible violence économique, celle qui fait renvoyer sur une terrasse celui qui a failli y claquer 4 jours avant, en lui demandant de sourire, pour satisfaire le client, comme il faut, comme avant.

 

L’Etat garant du vivre ensemble

Vers qui se tournent les citoyen-ne-s alors que le trouillomètre est à zéro ?

Vers  l’Etat et ses services, garants de l’ordre, de la sécurité, d’un enseignement de qualité, avec de lieux culturels diversifié, permettant les échanges sociaux, de proposer aux cerveaux autre chose que la merde djihadiste ou consumériste se trouvant sur internet et en abondance sur les écrans des gamins avec des décapitations à la pelle et une boucherie continue.

 

Qui, hormis l’Etat, sera un antidote à la propagande djihadiste ? 

Alors que la tempête est sur nous, l’Etat prévient, balise, encadre, éduque, encourage, et punit au besoin.

Aujourd’hui, cet Etat nous protège. La droite libérale veut le casser en bradant par des cadeaux fiscaux, le juste prix d’établissement en Suisse pour des entreprises, en bousillant des associations, un savoir faire et savoir être, en coupant dans les effectifs des fonctionnaires, en ne payant pas les acteurs culturels qui créent du lien social et luttent à leur échelle contre les forces de destruction, etc.

Moins d’Etat c’est moins de service, de protection, et plus d’insécurité.

 

Tu préfères que la dette augmente ou te faire shooter un matin par un djihadiste?

Faire, comme s’en gausse la droite, des annonces de coupe sur les budgets 2016 pour le Canton de Genève et la Ville de Genève au nom de la dette, c’est, de la part de la droite la plus bête du monde, une déclaration de guerre.

C’est pour elle se ferait l’alliée objectif des terroristes et des forces de destruction.

C’est aussi ridicule et bête que la RTS qui annonce 250 licenciements, et coupe des émissions littéraires (Entre les lignes, index.php?id=855) et religieuses (rts-fache-supprimant-emissions-religieuses) sur ses ondes. Alors que nous n’avons jamais eu autant besoin de créer du sens, de comprendre le monde que nous habitons, de construire un vivre ensemble, bousiller ce qui fait notre culture et notre lien social est un acte suicidaire, donc terroriste.

 

L’hydre à deux têtes

A l’hydre à deux têtes: djihadistes et droite libérale : alliés objectifs dans la destruction.

A l’hydre à deux têtes, nous disons : ne touchez pas à notre Etat, ne touchez pas au vivre ensemble, ne touchez pas à nos cultures, nos musées, nos lieux d’enseignements.

Nous refusons vos plans de destruction.

 

 

 

 

 

 

 

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17/11/2015

Le MCG antisémite

Lors de la séance du Conseil Municipal de la Ville de Genève du 10 novembre, le MCG, par le biais d’un de ses conseillers municipal, a tenu les propos suivants :

« (..) au cours de la désormais tristement célèbre Nuit de Cristal du mois d’octobre dernier, des anarchistes et des casseurs se sont livrés à une véritable mise à sac ainsi qu’à des déprédations sur des édifices publics de notre Ville….

Le MCG a donc fait l’amalgame entre la Nuit de Cristal et une manifestation en faveur de l’usine ayant laissé des tags en Ville de Genève.

Cet amalgame, le jour même de l’anniversaire de la Nuit de Cristal qui se déroula, pour rappel, dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938, où près de deux cents synagogues et lieux de culte furent détruits; où 7 500 commerces et entreprises exploités par des Juifs furent saccagés ; une centaine d’entre eux assassinés, alors que des centaines d’autres se suicidèrent ou moururent des suites de leurs blessures [1], est hideux.

Amalgamer une manifestation qui a dérapé avec un événement qui envoya près de 30 000 juifs en camp de concentration, et dont le pogrom et les déportations qui suivirent causèrent la mort de 2 000 à 2 500 personnes, constituant une prémice de la Shoah, est immonde.

Que le MCG choisisse, au jour près, 77 ans après, de comparer une bénigne manifestation à un des pires événements de l’histoire moderne ne peut être le fruit du hasard, mais doit être compris comme un acte antisémite.

Je remercie la conseillère municipale socialiste Olga Baranova qui a réagi immédiatement à ces propos.

Le président du conseil municipal, MCG lui aussi, n’a pas bronché, ni le bureau du même conseil municipal, à majorité de droite, cautionnant de fait cet abus de langage.

Ni journaliste, ni télévision, ni aucun observateur ne l’ont relevé, à ma connaissance.

Personne n’est allé questionner ce conseiller municipal MCG sur son amalgame, sur ce qu’il entendait précisément par là, et s’il se rendait véritablement compte de la profondeur de ses propos.

Je pense qu’il n’y a qu’en Suisse où l’on peut tenir des propos d’une telle violence dans un parlement, sans que personne ne s’en insurge ni même ne s’en étonne.

Le Parti Socialiste, par le biais d’un communiqué aux medias, envoyé le 16 novembre, a tenu à condamner ces propos.

 

Je pense que quand les mots ne pèsent plus grand chose, que l’on peut les employer à tort et à travers

en toute impunité et sans que plus personne ne les relève

il devient alors envisageable de tuer des gens de même

et que c’est au degré d’impunité, de perversité, et de violence du langage

que l’on peut évaluer la santé d’une société

à tout le moins

le nombre d’anticorps

résistants au mal

qui la composent.

 

 

 

 

 

[1] Kurt Pätzold, La « Nuit de Cristal » : les responsables, les victimes et la « majorité silencieuse », in, François Bédarida (dir.), La politique nazie d’extermination, Albin Michel, Paris, 1989, p. 201.

 

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16/11/2015

Vous voulez prévenir le terrorisme ? Préparez la justice sociale

Le monde d’aujourd’hui est d’une complexité telle, qu’en revoyant l’histoire récente, certains, à tort ou à raison, relisent la guerre froide comme une période aimable où les fronts étaient bien dessinés et les ennemis identifiés. Les terroristes d’hier, de la fraction armée rouge aux brigades rouges, à action directe, passent désormais pour des radicaux aux pouvoirs relativement limités; presque des amateurs, avec des revendications politiques tapées à la machine à écrire, envoyées au journal du coin avant l’heure de tombée. Cela semble presque romantique aujourd’hui, appartenir à l’âge de pierre du terrorisme.

 

Il est à remarquer aussi qu’hier, des terroristes étaient déconsidérés par les pouvoirs en place pour être désignés comme de petits criminels (la bande à Baader plutôt que la RAF) mais qu’aujourd’hui, des petits criminels sont très facilement élevés au rang de terroristes, simplement à la longueur de leur barbe.

Les spirales de la peur et de la stigmatisation, c’est toute la teneur du langage tenu sur la 5e colonne par le Front National, qui jette la suspicion sur tous, cible les banlieues, fragmente, divise le pays, et positionne les partis d’extrême droite comme les alliés objectifs des djihadistes contre toute minorité, et particulièrement musulmane.

 

A qui profite la peur ?

Certes, la peur est désormais partout, pour tous. On a changé d’échelle, de manière de faire et le terrorisme est passé à l’état gazeux. Sa complexité s’allie à une apparente facilité d’action ; les kits de terroristes en herbe fleurissent sur internet et les moyens de propagation se sont démultipliés.

Nous avons un sérieux problème. Un adversaire protéiforme, puissant, se revendiquant du sacré tout en le bafouant, dans un contexte géopolitique complexe où l’essor de nouvelles technologies rend les communications volatiles. S’y ajoute un nombre de candidat-e-s à la terreur ayant grandi au rythme du désespoir touchant ceux qui n’ont plus grand chose à espérer du supermarché mondial et pour lesquels une mort médiatique serait à tout prendre le point culminant d’une vie ratée.

Et nous avons plusieurs adversaires.

La prédiction d’Andy Warhol : « à l’avenir, tout le monde sera célèbre pendant quinze minutes », s’est réalisée. Si tu n’y as pas réussi de ton vivant, tu y parviendras facilement avec une ceinture d’explosifs autour du ventre. C’est le lot de consolation amer du capitalisme médiatique.

 

La menace a changé, la réponse doit être différente

Les discours simplistes visant à fermer les frontières, renvoyer les étrangers au diable ou cibler au faciès quelques délinquants à la dérive sont d’une naïveté absolue. Cette réaction appartient à une époque révolue. Ces politiques, si elles étaient d’une aide quelconque il y a 30 ans (à voir), ne sont plus à même d’endiguer la menace aujourd’hui, protéiforme, diffuse, prenant racine dans des lieux éclatés, favorisée par la déliquescence des solidarités humaines, un accès facilité aux armes et un manque de justice sociale.

Ces politiques du repli identitaire nous ont amené dans l’impasse aujourd’hui.

 

Quoi ne pas faire ?

Ceux qui voudraient s’engouffrer dans la ligne du Patriot Act qu’a suivi les Etats-Unis suite aux attaques du 11.09.2001 avec, à la clé, une guerre ayant nourri une déstabilisation générale, un Irak éclaté et l’émergence de Daech, ceux là même qui aimeraient un Guantanamo sur Seine et enterrer la démocratie sous des mesures spéciales et des lois liberticides ne font que répondre à la pente naturelle balisée par les terroristes qui mène à…  plus de terreur.

 

Répondre à la terreur par une coûteuse rigidité d’Etat et des postures sécuritaires ne résoudra rien, à part soigner l’audimat. La réponse doit être pondérée et à moyen-terme. Oui, plus de moyens, mais sur le terrain, pour l’appareil judiciaire, pas militaire.[1] Et pour chaque franc dans l’appareil policier ou de renseignement, deux francs pour combattre les ravages du terrorisme économique, en investissant dans l’éducation, le social et la culture.

Regardez bien les profils de ceux qui ont frappé, regardez qui ils sont et d’où ils viennent et comprenez aussi qu’ils sont le produit de la précarité sociale, de la dérive et de l’exclusion et que ce n’est pas en bombardant Raqa, même si c’est spectaculaire, que cela changera.

Vous voulez prévenir le terrorisme? Préparez la justice sociale.

Et arrêtez de croire que, par la magie d’une rhétorique, les guerres menées au nom de la démocratie peuvent être justes et la politique de guerre commerciale avec ses « ressources humaines » à exploiter être sans conséquences, en ramenant l’humain à une chose et la vie humaine à une masse exploitable.

Comment le mépris de l’autre ne pourrait-il se retourner contre celui qui le porte ?

Vous voulez faire le jeu des terroristes ? Allez-y : restreignez encore les libertés, humiliez ceux qui sont sur la corde raide, continuez d’aggraver les injustices sociales, coupez encore dans les budgets de redistribution des richesses, libéralisez libéralisez, et secouez encore ce cocktail puant jusqu’à ce qu’il vous pète au nez.[2]

 

Scoop : la France en guerre ?

La France se découvre en guerre. Quelle surprise que cela nous surprenne, alors qu’elle est engagée sur de multiples fronts : en guerre au Mali depuis 2012, ayant fait le coup de feu en Centrafrique, s’étant alignée contre l’Etat Islamique depuis 2014, n’ayant jamais tout à fait abandonné son rêve de grandeur impérialiste et néo-colonial, ni apaisé, 10 ans exactement après les émeutes de 2005 dans les banlieues, les abyssales inégalités sociales sur son territoire.

 

Vous voulez prévenir le terrorisme ? Arrêtez d’en fabriquer

Au-delà des drapeaux français qui fleurissent sur les réseaux sociaux et déteignent sur le jet d’eau à Genève, coloré d’un bleu blanc rouge solidaire et vital, mais qui soulève aussi la question, avec la poussée d’une empathie à géométrie variable, de la portée de notre engagement et la sélectivité de notre émotivité, que faire maintenant ? Le manque de contenu politique, de nos orientations et de nos afflictions nous rend friables.

La démocratie de l’émotivité nous faisant pleurer « nos morts » et pas « ces morts », comme le rappelle Julien Salingue[4], nous condamne un jour ou l’autre à être placé devant le fait que, si nous prétendons arrêter notre empathie en deçà de la ligne où frappent nos avions, il est à craindre qu’en retour, certains y trouvent la légitimité d’étendre la profondeur du front où frapperont leurs kamikazes.

Nous nous rêvions citoyens du monde, prenant des avions pour aller aux quatre coins du monde sans rien lui devoir. De quelle façon cette citoyenneté du monde, ludique et hédoniste, peut-elle continuer de se passer d’un engagement politique responsable ?

Vous reprendrez encore un peu de yoga et de shopping à Londres après cela?

 

La Suisse, un monde à part ?  

La Suisse est, pour l’instant, tenue à l’écart de frappes terroristes. En raison de sa neutralité, de son non-alignement sur les guerres en cours, de son caractère lilliputien ? Parce que sa prospérité lui permet d’éviter la création de zones sinistrées, terreau du désespoir des futurs terroristes ?

Et jusqu’à quand cela ? La loi sur le renseignement soumise prochainement au vote (Lrens) ne changera rien à la réalité sur le terrain. Sans moyens pour les traiter, à quoi bon obtenir toujours plus de données ? Légiférer encore et toujours plus, alourdir l’appareil étatique, et placer des drones achetés à Israël (250 millions) sur nos têtes, tout en diminuant les prestations aux populations plus précaires, coupant dans les budgets d’aide sociale et d’éducation, dans l’aide au développement?

Ces politiques de la droite nous entraînent sur une pente mortifère qui diminue objectivement notre sécurité, jusqu’à l’état militaire.

 

Il nous faut aussi rappeler cette phrase de Jean Ziegler : chaque enfant qui meurt de faim dans le monde n’est pas la conséquence d’une fatalité, mais d’un meurtre. Ce meurtre porte lui aussi une signature, dont notre niveau de vie et nos facilités porte une trace.

Qui s’en occupe?

 

De nouvelles solidarités, nouveaux engagements

Il est beau de constater que les actes de terreur à Paris ont produit des élans de solidarité (mouvement portes ouvertes, rassemblements, solidarité internationale). Il faut maintenant aller plus loin et mener une guerre contre toutes les terreurs par un réveil des consciences et un changement fondamental des politiques que nous soutenons.

Si nous échouons, et si la réponse devait être de faire toujours la même chose encore plus fort, ce que nous proposent les tenants du repli identitaire, il est évident que cela nous conduira au même résultat… à la folie d’Etats à bout de souffle, incapables de se repenser, se faisant les alliés objectifs des terroristes nihilistes dans leur fuite en avant.

 

 

 

 

[1]le-juge-trevidic-la-religion-n-est-pas-le-moteur-du-jihad…

[2]  marc-trevidic-745515

[3] le-pape-denonce-lhypocrisie-des-puissants-qui-parlent-de-…

 

[4]vos-guerres-nos-morts.html

[5] 28681212

 

 

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14/11/2015

Résister à la terreur

Pleurer les morts, soutenir les vivants 
Mes pensées vont aux victimes, aux blessés, à tous ceux et toutes celles qui vivent dans leur corps et leurs esprits les violences d’hier soir à Paris, y ont perdu un proche, un ami, dans l’horreur absolue.

Mes pensées vont aux vivants, à ceux qui, aujourd’hui à Paris,  et partout ailleurs dans le monde, descendent dans la rue pour acheter leur pain, croisent leur voisin, iront à un rassemblement demain, avec l’angoisse que cela pète encore, ne sachant plus trop qui ils vont croiser, où rôde le danger, à qui ils parlent ; à tous ceux et celles qui devront résister à la méfiance, à la peur, au règne de l’angoisse.

Mes pensées vont à tous ceux et toutes celles qui se feront désigner comme responsables, en raison d’une appartenance, d’un silence, d’une religion; à tous ceux qui refuseront de crier avec les loups, avec les chiens, à ceux qui refuseront la mort, le repli, la récupération et l’instrumentalisation.

Mes pensées vont, aux différents, aux silencieux, aux choqués, aux secoués, aux amoureux et aux enfants, aux doux et aux sidérés.

A tous ceux et toutes celles qui aujourd’hui pleurent et résistent, allument une bougie, écrivent, travaillent, prient, plantent ou sèment pour d’autres, tournent les yeux au ciel, vers leur voisin : là où se trouveront toujours tous les possibles.
Résister à l’intimidation massive

Attaquer simultanément et en 6 lieux différents dans Paris et proche du stade de France où se déroulait un match avec 80’000 personnes dont le président de la République, il fallait y penser. A un mois des fêtes de Noël, frapper pour terroriser, Il fallait y penser. Oui, il fallait y penser. Cela pour dire que : « les barbares », les « tueurs » sont, et c’est peut-être difficile à écrire, aussi des penseurs. Et cette pensée là, précisément, d’assassins, donne froid dans le dos, jusqu’à la moelle. Cette terreur n’est pas aveugle. Elle porte la trace d’une déclaration de guerre, avec la signature de l’Etat islamique à ce jour et avec une intention : nous entraîner dans sa spirale.

Rien n’a été laissé au hasard. Attaquer le Bataclan, lieu culturel, de rassemblement, ravager des terrasses, cibler la rue, c’est attaquer le vivre ensemble, ébranler la racine du quotidien, le peuple. Il n’y a pas eu de tuerie aveugle. Il y a eu un choix du terrorisme comme arme d’intimidation massive. Après Charlie Hebdo, il y a 11 mois, c’est, ce vendredi 13 novembre, encore en France, pays des lumières, des cibles culturelles, symboliques, populaires qui ont été désignées et 132 personnes assassinées, 250 blessées.

 

Tous et toutes des cibles
Face à cela, un fait s’impose aujourd’hui comme une brutale évidence. Nous sommes tous et toutes des cibles. L’Europe n’est plus, si elle pouvait encore se penser telle, une bulle isolée des tourments du monde, un îlot à l’abri de ce qui hier, aujourd’hui et demain, frappe, frappait et frappera à Beyrouth, à Nairobi, à Tripoli. Nous sommes dans le monde, immergés dans sa violence, et nous sommes désormais là pour tenter d’y vivre, non pas comme avant, mais comme après, en résistant.

Tous et toutes des cibles? Passée la sidération, comment réagir ? Un constat : ceux qui appellent aujourd’hui aux fermetures des frontières, au renforcement des système de sécurité, essaient de nous faire croire que cela serait LA solution, ou désignent des boucs émissaires, sont dans la naïveté de l’angélisme viriliste. La France s’y est essayée après les attentats de Charlie Hebdo. Quel résultat aujourd’hui ? Il faut craindre que le terrorisme ne soit là pour durer. Robert Badinter le rappelait à propos cette semaine à Genève lors d’une conférence sur le terrorisme. La réponse doit être plus large qu’une délégation incantatoire au tout sécuritaire. Elle sera politique, policière, sociale, culturelle et dépassera forcément le cadre de nos frontières.
Répondre au quotidien

Qu’elle doit être notre réponse face au carnage et à l’intimidation massive ?

Le formidable élan qui rassemble les Français, les Européens, et le mouvement de solidarité dans le monde nous oblige à défendre notre vivre ensemble, à continuer d’aller au théâtre, au cinéma, au match de football, à ne pas fuir à Noël sur des îles ou des montagnes, mais à se rendre à Paris, à Tunis ou Beyrouth, à tisser des liens, partout, tout le temps.

Parce que ce que veulent les terroristes, par leur méthode brutale et réfléchie d’intimidation massive, c’est nous fragmenter, nous replier, désunir, et nous rendre les uns aux autres suspicieux, paranoïaques et menaçants.

Non, il ne s’agit pas de construire de nouveaux ilots sécurisés pour quelques happy few à l’abri, des archipels sécuritaires, en repoussant les terrorisables sur les marges, mais de vivre en résistants, avec cette menace qui nous désigne tous et toutes comme cibles, et en la refusant radicalement.

Aux islamistes radicaux, notre réponse doit être celle d’humanistes intégraux.

Nous ne resterons pas cloîtrés chez nous.

 

Mes pensées vont aux victimes, aux blessés, à tous ceux et toutes celles qui vivent dans leur corps et leurs esprits les violences d’hier soir à Paris, y ont perdu un proche, un ami, dans l’horreur absolue.

Mes pensées vont à tous ceux qui dans ce monde se lèvent le matin sous la menace des tueurs,

le soir pleurent ceux qui sont tombés sous leurs coups

se relèvent le lendemain.

 

 

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09/11/2015

La tyrannie des normes

La tyrannie des normes, c’est celle du courrier de l’Etat arrivé la semaine passée sur le bureau de la magistrate Esther Alder qui « l’avertit » que les normes en matière de sécurité ont changé. L’entrée en vigueur, au 1er janvier 2015, de nouvelles prescriptions de l’Association des établissements cantonaux d’assurance incendie (AEAI) intimerait à la Ville de Genève de limiter son accueil dans l’abri de protection civile des Vollandes avec pour conséquence que des personnes dorment dehors et risquent leur vie le long des berges gelées de l’Arve. 23437568

La tyrannie des normes, obligerait de limiter les places dans des abris en se moquant du fait que des hommes et des femmes dorment toute l’année dehors. Il n’y a donc pas de normes sécuritaires qui protègent la dignité humaine? Que fait l’association des établissements cantonaux d’assurance incendie pour ceux qui se reposent dans les caves, les cabines téléphoniques, des voitures? Leur chemin de fuite est-il véritablement assuré ?

 

Limiter les risques : tuer les pauvres

On se souvient de la montée de l’Arve au printemps passé. Une trentaine de personnes dormant à même les talus avaient été évacué d’urgence et sans ménagements grâce à l’alerte lancée par le service social de la Ville de Genève. Sans cette réactivité qui ne doit rien aux normes, aux drones, aux caméras, mais au souci de l’autre et à  sa vigilance, des vies ont été épargnées de justesse ; ces mêmes vies qui, toute l’année, sont menacées par le choix sélectif de ce que les normes et les lois protègent, escamotent ou condamnent.

 

Le feu au lac : l’aléatoire tyrannie des normes

La tyrannie des normes c’est, lors du nouvel an 2014, les pompiers de Genève qui refusent l’installation de 1800 postes de feu et des dizaines de fûts et fontaines de braise à l’entrée des Bains des Pâquis et jusqu’au sommet du phare pour fêter la Saint-Sylvestre, puis s’adoucissent devant la résistance des Bains pour imposer uniquement aux spectateurs de contempler le feu depuis le quai Wilson, avant de céder sur toute la ligne. Les Bains des Pâquis se sont, ce soir-là, littéralement enflammés: braises, escarbilles et flammes faisant rêver les milliers de genevois-e-s devant un feu géant.

Au nom de la norme !

Simultanément, le tunnel de la rue du Valais subissait les foudres du normativisme le plus acéré. Pas une seule bougie dans le tunnel pour fêter le Nouvel An. Au nom de la norme ! Comment expliquer alors aux habitant-e-s que les Bains des Pâquis s’embrasent et qu’à Sécheron, il n’y ait pas une seule chandelle autour de trois extincteurs ?

Parce que la tyrannie des normes est économique et politique. Elle pèse de tout son poids sur ceux qui ignorent les moyens d’y résister, est instrumentalisée par le pouvoir politique, domine ceux qui, timorés, n’osent s’y opposer, ou cèdent à une prudence excessive devant celle-ci, en favorise d’autres.

 

 

Arracher des arbres par sécuritarisme

N’a-t-on pas entendu récemment le magistrat Barazzone préconiser des arrachages d’arbres lorsque les racines risquent de faire trébucher les passants et invoquer la menace terrible et mortelle de la chute des branches sur la tête des passants pour dégommer les vieilles branches ? Le terrorisme sécuritaire est la plus grande menace pour le vivre ensemble en Ville de Genève.

Le magistrat de police Pierre Maudet abat lui son arme secrète de la loi sur la restauration et le débit de boisson pour mettre au pas l’Usine en écrasant d’un légalisme étroit ceux qui, par bon sens, économie et volonté créative, commettent le grave péché de penser et créer en dehors de normes mal ajustées.

Et pendant ce temps, au mépris de tout respect des normes et des lois, les taux de particules fines dans l’air sont dépassés, vous éclatent les poumons et envoient des bébés asthmatiques à l’hôpital et les aînés au cimetière sans que les tenants rigides du respect des normes ne s’en soucient le moins du monde.

 

 

L’application des normes est politique 

L’argument fallacieux des tenants de la tyrannie des normes :  les normes sont telles qu’elles sont et doivent s’appliquer pour tous est hypocrite. Les inégalités sociales illustrent combien le normativisme étroit ne peut être l’unique facteur d’appréciation d’une situation. Personne, à ce jour, n’est égal devant les normes. Quand l’égalité sera réalisée, alors on pourra prétendre appliquer avec la même vigueur les mêmes normes à tous et toutes.

Car d’une simple fête du nouvel an à la gestion de l’Usine et à celle des Ports-Francs, on voit que si, pour certains, la loi s’applique avec toute sa vigueur, d’autres y sont, avec complaisance, soustraits.

Les espaces de non-droit ne sont pas à chercher au Lignon ou aux Avanchets, mais dans les  entrepôts des Ports-Francs ou les comptes d’exploitation d’UBS.

 

Lutter contre l’instrumentalisation des normes

La tyrannie des normes doit être combattue. Il y va de notre liberté. Surtout quand elle est portée par des personnes qui en font une application stricte et rigide à but anti-social et anti-culturel.

Quand la tyrannie des normes, au nom de la sécurité ou de l’efficience conduit à laisser des gens sur le carreau et à amender ceux qui ont le malheur de dormir à la rue, la résistance est un droit, et invoquer d’autres textes (nos constitutions: genevoises, fédérales, nos codes éthiques et moraux) une nécessité; employer d’autres moyens que la soumission béate: une obligation morale.

 

La démocratie dépasse le normativisme

Les décideurs politiques qui, sous couvert de sécuritarisme et de fausse prévenance cassent la culture, le social, accroissent les inégalités, provoquent des coûts accrus pour la collectivité.

La lutte contre les inégalités et les privilèges est engagée. Ce combat est politique et économique. Le courage de dire non au normativisme et à son instrumentalisation politique nous anime.

L’épouvantail agité de la tyrannie des normes ne doit pas nous induire en erreur. Ce qui est effrayant, ce sont les privilèges toujours plus grands que s’octroient ceux qui prétendent mettre aux pas l’Usine, les Roms, les fumeurs de joint, les jeunes, pour nous distraire des largesses dont ils disposent en prospérant d’une manière hors-norme sur le dos de notre démocratie.

Ce qui fait peur, c’est la politique qui déplace, cache, les plus précaires d’un lieu à l’autre de la ville, police les conduites, interdit les pratiques festives, bannit les grèves, construit de nouvelles prisons, et maintient des privilèges d’un autre temps pour les plus riches et puissants. 

La tyrannie des normes est un outil de domination sociale.

Elle doit être combattue. Il y va de notre liberté.

 

 

Genève, 9 novembre 2015.

 

 

 

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28/10/2015

La droite irresponsable veut détruire l’Usine

La droite élargie (PLR, PDC, UDC, MCG) si elle ne sait pas s’unir pour des projets communs au service des Genevois, sait par contre faire alliance pour casser des institutions et mettre en péril ce qui fonctionne à Genève.

 

Au Conseil Municipal de la Ville de Genève, ce mercredi soir, la droite destructrice, unie, a donc décidé de suspendre toutes les subventions de l’Usine et de forcer la Ville de Genève à prendre en charge les déprédations commises par quelques individus isolés ayant débordé l’encadrement de l’Usine samedi passé et malheureusement dénaturé cette manifestation, y déversant leur désarroi.

 

La droite, en faisant payer à une institution culturelle les dégâts que celle-ci n’a ni commis ni voulu, commet une injustice; et en faisant payer au public de l’Usine une situation qui ne le concerne pas, elle le prend en otage. Voulant faire payer à la Ville la casse, elle crée un précédent juridique absurde. Depuis quand la Ville devrait-elle payer pour des casseurs?

Avançant des arguments plus moraux que politiques: « quand mon enfant fait une bêtise je lui donne une claque »; ignorant tout de la réalité d’une institution culturelle de l’ampleur de l’Usine; allant même jusqu’à la comparer à un club de sport:  « quand les supporters d’un club de sport dérapent, c’est au club de payer », la droite destructrice, en plus de faire démonstration de son incompétence, faire preuve de rétorsion en punissant une entité culturelle qui accueille plus de 100’000 personnes par an, est animée par 18 associations (un théâtre, un lieu d’exposition, des salles de concerts, des buvettes, une radio, un atelier de sérigraphie, etc.,) http://usine.ch/ ; une institution phare qui a joué et joue un rôle clé, historique, symbolique, alternatif, à Genève, à l’échelle de la Suisse, et même européenne.

Cette droite destructrice est nocive, dangereuse pour Genève et pour sa paix sociale.

 

L’Usine, c’est une Institution, une référence. Ouverte en 1989 avec l’appui décisif d’un libéral de l’époque (Claude Haegi) qui avait, lui, compris que la jeunesse a besoin d’un lieu d’expression  et que l’on ne peut laisser une ville sans lieux bon marché, culturel, inclusif et associatif.

L’Usine, c’est une institution qui a vu émerger des artistes de classe internationale, qui a permis de former, créer et donner des espaces d’expression à des artistes qui aujourd’hui font la fierté de Genève (John Armledder, les Young Gods, Sandrine Kuster, Greta Gratos, Yann Marrussich, Gigi, Lionel Bovier, les Klat, qui ont crée la statue Frankenstein à Plainpalais, Nirvana est passé à l’Usine, Mapping Festival, Electron, Black Movie y ont pris leurs marques, et tant d’autres… la liste est longue.)

 

Attaquer l’Usine, de la part de la droite destructrice, c’est une déclaration de guerre irresponsable envers des milliers de personnes. C’est mettre le feu aux poudres.

 

Ce coup, porté par la droite torpille tout effort de dialogue entamé par l’Usine. Au nom d’une application de la loi littérale sur un enjeu de petite ampleur (il faudrait que l’Usine demande sans délai 5 autorisations administratives distinctes pour ses buvettes), elle sape tous les efforts de dialogue et de médiation entamés par la Ville de Genève pour trouver une issue à la crise déclenchée et alimentée par la magistrat de police Pierre Maudet et son petit homme de main en ville Barazzone.

Pire, la droite bafoue l’Usine, qui jusqu’au dernier moment a cherché le dialogue en demandant, sans succès, d’être reçue et entendue en commission par les casseurs du conseil municipal.

 

Rien, dans ce conflit jusqu’alors administratif entre l’Usine et le Canton, ne concerne au fond le conseil municipal. C’est une affaire cantonale que gère (mal) Monsieur Maudet magistrat de police cantonal. Ce dernier a bloqué le versement de dons de la Loterie Romande, il instrumentalise maintenant sciemment le conseil municipal de la Ville de Genève pour forcer l’Usine à plier. Cela n’est pas démocratique. Le chantage institutionnel n’a pas sa place dans notre République. Etre chargé de garantir la loi et son application, ne signifie pas faire usage de la loi du plus fort. C’est mal interpréter l’esprit de la loi, en détourner l’usage, que de prétendre l’appliquer à son unique avantage.

 

L’entière responsabilité des violences et déprédations qui pourraient découler de l’attitude irresponsable et dangereuse de la droite, ainsi qu’à Monsieur Maudet, pyromane en chef, devront lui être imputée.

Ceux qui ont choisi, bien au chaud sur leur siège, de couper des subventions, de saboter une institution culturelle pour l’empêcher de fonctionner en conformité avec la loi, de punir tout un public la fréquentant, ont opté pour la voie de la violence institutionnelle.

Cette droite destructrice, irresponsable, a jeté de l’huile sur le feu et sciemment déclaré la guerre à l’Usine.

On ne peut que craindre désormais le retour de flamme.

 

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La culture rend-elle heureux?

La culture rend-elle heureux? C’est la question qui a été posée dans une étude récente qui vient d’être publiée par le Département fédéral de l’intérieur. publikationen.html?publicationID=6750

 

Pour cette étude, une définition élargie des pratiques culturelles a été pris en compte. Il s’agissait autant des activités de loisirs (fêtes, sport) que des activités particulières (fréquentation des bibliothèques, cinémas open air, festivals de films). L’objectif avoué étant d’évaluer la satisfaction dans la vie.

Il en ressort des enseignements, certes globaux, mais intéressants. Par exemple, que les institutions culturelles les plus fréquentées sont les cinémas, que plus de quatre personnes sur dix ont fréquenté des concerts de musiques actuelles en Suisse; un pourcentage analogue de la population (41%) ayant assisté à des spectacles de culture classique, comme une pièce de théâtre, un concert de musique ou de danse. Enfin, qu’un peu plus du quart de la population a fréquenté une bibliothèque ou une médiathèque pour ses loisirs durant l’année. Que disent au final ces chiffres? Qu’une bonne accessibilité à la culture, garante d’une bonne qualité de vie, est disponible en Suisse et que la population en use avec profit.

Avis à ceux qui veulent raboter dans la culture: autant dire qu’ils s’attaquent directement au bien être.

Poursuivons la lecture de cette étude. 71% de la population suisse a participé au moins une fois durant l’année à une fête, qu’elle soit du premier août, au carnaval, à une fête de quartier ou de village. Preuve que la culture, dans son acceptation large et participative, est grandement investie et contribue à la qualité de vie et au sentiment d’appartenance.

La population suisse, dans son ensemble, exprime un degré de satisfaction dans la vie élevé à très élevé. La fréquentation de spectacles de culture classique (théâtre, musique classique, ballet) et de manifestations de culture populaire (musique folklorique, théâtre populaire ou amateur) -avec toutes les réserves que l’on peut émettre sur ces catégories- augmente les chances de faire partie des personnes très satisfaites dans la vie.

Des différences significatives entre les classes

Mais cette étude donne aussi des renseignements intéressants sur les profils socio démographiques. 30% des personnes diplômées du secondaire I ont visité des monuments et des musées contre près de 80% pour celles du degré tertiaire! Les personnes d’âge moyen et avancé, bénéficiant d’un revenu élevé et surtout d’un niveau de formation tertiaire sont surreprésentées. A contrario, les étrangers, les jeunes et les personnes moins formées par exemple, y sont sous-représentés. Il y a de réelles différences de classes dans l’accessibilité à la culture. Et sans surprises, ce sont les classes les plus précaires qui en bénéficient le moins.

Si la culture rend heureux, elle bénéficierait avant tout à ceux qui… le sont déjà, ou en tout cas qui bénéficient, du fait de leur revenu, âge, santé, logement, des conditions favorables pour en profiter. Or, si la culture contribue à être heureux, il est important qu’elle soit un facteur de lutte contre les inégalités sociales et partant, des risques de ruptures et tensions dans la société.

Son accès devrait donc être facilité pour les publics moins favorisés et des entreprises de médiation à leur intention spécifiquement développés.  Sinon, on risque d’aller vers une culture de classe, et donc, paradoxalement, un culture qui, incluant moins, exclut.

Que les classes privilégiées le soient et demeurent heureuses d’aller au musée n’est pas un enjeu prioritaire des politiques publiques.

Mais que les personnes les plus précaires et sur les marges puissent, par le biais de la culture, développer des liens sociaux et développer leur capital social et symbolique, en est un, de toutes évidence, pour la collectivité.

C’est à mes yeux l’enseignement important à retirer de cette étude.

 

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14/10/2015

Je vote moi non plus

Ce dimanche, l’abstentionnisme risque malheureusement d’être le meilleur élu lors des élections fédérales. Ce serait une leçon pour les partis, ou plutôt un désaveu, voire un désamour de la chose publique.

Mais pourquoi la politique fédérale et les enjeux autour des représentant-e- genevois-e-s à Berne passionnent si peu? Le citoyen a-t-il le sentiment de ne pas avoir assez de contrôle. C’est trop loin, trop abstrait ? Il y a trop de listes ? Les retours du terrain témoignent d’un sentiment d’être perdu devant la quantité de papillons dans la boîte aux lettres transformée en urne, des difficultés à comprendre les enjeux, voire les règles du vote (liste, panachage, biffage, etc.). Ce cumul de difficultés, à laquelle se rajoute le manque d’insertion sociale d’un nombre grandissant de citoyen-ne-s explique pour partie la faiblesse des votes.

En Suisse, on vote environ 4 fois par an. Un-e- citoyen-ne modèle votera environ 250 fois durant sa vie! Le système est complexe, particulièrement pour ceux qui sont maintenus à distance de ses enjeux. L’insertion sociale et économique est un facteur important de participation. Plus le niveau de qualification augmente plus on participe. Le fait de payer des impôts serait un élément prépondérant à la participation. Au final, c’est en s’engageant que l’on est toujours plus engagé, en votant que l’on s’habitue à voter (comment renforcer ce cercle vertueux?).

 

Une démocratie qui exclut ?

Notre démocratie représentative ne représente pas assez bien sa diversité. Or, si la composition des parlements reflète imparfaitement la diversité de la population, c’est toute la légitimité de notre démocratie qui est en péril. Des groupes manquant de modèles de référence désinvestissent le champ des élections. Il y a trop peu de femmes dans les parlements (30% en moyenne) de jeunes (2%), et de représentant-e-s des minorités visibles. Autant de facteurs qui provoquent le retrait, le désintérêt, puis l’oubli du politique par nos concitoyen-ne-s. L’usage de la langue unique et la difficulté pour des suisses non-francophones de saisir facilement les enjeux est un facteur excluant de plus.

 

Les jeunes : on en parle !  

La chancelière Anja Wyden relevait, lors d’une journée de réflexion dédiée à la jeunesse et la citoyenneté, la faible participation électorale des jeunes. En 2013,  les taux de participation étaient, selon les classes d’âge de : 34.3 % pour les 18-19 ans. De 31.3% pour les 20-24 ans; de 31.4 % pour les 25-29 ans. En comparaison : la classe d’âge des 70-74 ans votent à  68.9% ! Et la population totale à 48.8%.

La participation des jeunes varie toutefois suivant les thèmes. Lors des votations sur l’école (novembre 2010), le tabac (2008), la gratuité des transports publics genevois(2008), ou l’initiative pour abroger le service militaire obligatoire (2013), les jeunes se sont mobilisés ! Leur comportement électoral tend vers plus de flexibilité et d’intermittence dans un contexte social marqué par la défiance et la protestation envers les associations et les grands partis (devenus plus suspects).

Chacun-e est aujourd’hui plus seul dans la construction de son identité. La citoyenneté est alors plus critique, mais aussi plus individuelle (le chacun pour soi, tend à remplacer le un pour tous, tous pour un). Refuser de se faire enfermer dans une norme préétablie conduirait à ne plus voter pour affirmer sa différence (sauf que c’est devenu… la norme).

 

Dedieu on vote ou bien ?

On se politise désormais de plus en plus contre que pour ! On a basculé dans une citoyenneté du rejet, de la réaction, ou il est plus commun de râler que de s’engager!

Pour lutter contre ce mouvement, il faut continuer d’agir à différents niveaux et à travers des actions de proximité. Citons-en quelques unes  :

  • La sensibilisation, via des clips, des brochures, des bandes dessinées, les réseaux sociaux: utiliser ces moyens d’une manière ludique, constructive et non rébarbative. Regagner la confiance.
  • Les contacts de proximité : toucher les gens par des discours portés par des modèles, d’une manière simple, directe. Trouver l’émotion, la passion. En faisant des porte à porte, des stands, des téléphones, des repas communs, employer tous les moyens à disposition pour ouvrir le débat et surtout ECOUTER ce que chacun-e- a à dire!
  • L’éducation : L’école joue un rôle clé, tant par des cours sur la citoyenneté que l’organisation de débats en son sein, appuyés par des dossiers pédagogiques, avec des projets d’initiation des jeunes à ce qu’est la vie parlementaire. La famille est le premier lieu de transmission des savoirs, comment y favoriser la parole politique ?
  • Des expériences  participatives:
  • Cinécivic (concours de films et affiches pour les 15-25 ans) où l’on constate que ce sont les jeunes qui savent le mieux parler aux jeunes!  http://www.ge.ch/cinecivic/
  • Easy Vote, visant à promouvoir le vote grâce à du matériel de vote simplifié et à des mesures de sensibilisation adaptées aux jeunes) www.easyvote.ch
  • Des événements médiatiques: par exemple la Semaine de la démocratie organisée par la chancellerie qui vise, grâce à des conférences publiques, forum, spectacles, expositions, à échanger et débattre du vivre ensemble et de la démocratie. :  http://www.semaine-democratie.ch/

 

Voter: un respect de soi

L’abstentionnisme n’est pas une fatalité.

Pour que le « je vote moi non plus » se transforme en « Je vote moi aussi! » ce sont un cumul d’actions et d’engagements qu’il faut engager dans la durée… mais c’est aussi un geste très simple à faire : celui de voter.

Le 18 octobre, définitivement: JE VOTE! par amour pour la démocratie et parce que je me respecte en tant que citoyen-ne.

Et vous?

 

 

 

 

 

 

 

—————————————–

www.sylvainthevoz.ch

 

 

 

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08/10/2015

A ceux qui peuvent encore dire oui

oui…

A ceux qui écoutent

A ceux qui veulent comprendre

Aux roues de secours

A ceux qui changent les choses

A ceux qui retournent les lignes

Au cric dans le coffre

Aux croisées des chemins

A ceux qui se lèvent à l’aube

Au pouvoir du changement

Au respect des paroles données

Au sucre sous la langue

Au suc des plantes

Au jus des oranges

Aux voûtes gothiques

Aux orages l’été

Aux volutes de fumées

A la résistance des fleurs

Aux orgues de Bach

Aux fanaux des baleines

Aux peines minimales

Aux refrains des rorquals

Aux nuits andalouses

Aux deuxièmes chances

Aux troisièmes et même plus

Aux encore

Au crédit sans caution

Au service public

Aux cinq doigts de la main

Aux libertés totales

Aux chutes sans gravité

Aux remontants rapides

A l’apprentissage qui rentre

A l’été indien

Aux prudences de Sioux

Aux casse-noix et au sprint final

Aux atolls aux tortues

Aux troupeaux de bisons

Au schuss à la danse

Aux bouchons sans champagne

Aux bouteilles à la paille

Aux poches à double fond

Aux présences des pairs

Au repère des phares

A Jaurès à Ziegler et Sénac

A Erri à Rouillan et frère Roger

Aux hérissons sous les feuilles

Aux sursauts salutaires

Aux grand huit aux montagnes ukrainiennes

Aux Syriens sans Assad

Aux Russes sans Poutine

Aux éclipses solaires

Au Liban au Lignon

Aux Grisons à l’Irlande

Aux théologies de la libération

Aux démarches délicates

Aux pas de côté au retrait stratégique

A l’arôme du café

A l’amorce des bombes

Aux marchés de Provence

Aux préavis de grève

Aux cheveux de Jason

A la barbe d’Ulysse

A la mort des forfaits fiscaux

Oui…

A la vitesse des lièvres

Aux prophètes du bonheur

A Jérusalem capitale Palestinienne

Aux tisons à la braise

Aux langues liées

Aux passages de frontières

Aux terriers des renards

Aux remèdes des plantes

Aux becs des corbeaux

Aux crapauds aux princesses

Aux miracles invisibles

Aux essais transformés

Aux questions sans réponses

Aux sorbets de cassis

Aux refuges en forêt

Aux loukoums et kiwis

Aux coulis, confiseries

Aux sardines grillées

Oui…

Aux pieds nus dans les prés

Aux canapés pour deux

À la mousse sur la bière

Au hamac sous le chêne

Au baiser contre l’arbre

A ceux qui ne sont plus là

Aux réponses qui fusent

A ceux qui disent sans délais

Aux peigneurs de girafe

Aux boules à facettes

Au présent : éternel

Au tout premier pas

Aux ceintures de sensibilité

Aux fétiches aux totems

Aux pacifistes résolus

Aux insomnies douces

A la lutte des classes

Aux cerfs-volants au vent

Aux micmacs et schmilblicks

Au milk-shake

Aux pommes duchesses

Aux brioches et au schnaps

A l’orgasme et au cri

Aux silences débordants

A la glu qui recolle

Oui…

Aux loyers plafonnés

A ce qui s’est échappé

A ce qui reviendra

Aux livres et à l’éclair

Aux grappes de raisin

Aux surréalistes

A la bienveillance des bègues

Aux lignes le long des touches

Aux poires blondes

À la foi des montagnes

Aux bonhommes de paille

A la force des poignets

Aux chevilles ouvrières

A la neige d’avril

Aux gouttières quand il pleut

Aux bulletins météo

Aux ombrelles chinoises

Aux empreintes dans le sable

A la pluie au désert

Aux marées montantes

A Mahmoud Darwich

Oui…

Aux rencontres improbables

Aux musiques intérieures

Aux tendresses et aux rêves

Aux fidélités sans failles

Au droit au retour

A la trêve

Aux terres ancestrales

Aux formules magiques

Aux oreilles débouchées

Aux machines sans billets

Aux quittances sans reçus

Aux formules secrètes

Aux incantations libres

Aux frissons

Au regard pour les vagues

Aux armes enrayées

Au romantisme.0

A la force d’y croire

A la souplesse des genoux

Au souffle continu

Oui…

Aux parachutes bien pliés

Aux rebonds imprévus

A l’ouverture des portes

Aux chansons fredonnées

Aux buts avec son camp

Aux refrains sans reprises

Au saut à l’élastique

Au temps des cerises

Aux balançoires en bois

Aux briques des barricades

Au thé frais à la menthe sauvage

Aux bêtes sauvages

Au feu doux

Aux coussinets des chats

Aux étoiles fugaces

Aux camisoles pour ego

Aux jeux de langage

A l’insouciance

Oui…

Aux prières silencieuses

Au pouvoir d’aimer

Au silence l’été

Au ciel toute l’année

A celles qui n’ont pas peur

A ceux qui peuvent encore dire oui.

 

16:04 Publié dans Genève, Humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : oui | |  Facebook

07/10/2015

A ceux qui ne savent plus dire non…

 

Non ….

Aux pompiers pyromanes

Aux concasseurs de cœur

Aux briseurs de grève

Aux faiseurs de crises

Aux cerises pas mûres

Aux statues sans sourires

Aux églises sans prières

Aux sauveurs sans idées

Aux sauts sans esprit

Aux nombrils sans rebords

Aux yaourts fermentés

Aux rivières sans retour

Aux océans bornés

Au ciel sans soleil

Aux nuages sans pluie

Aux menottes attachées

Aux traces qui se perdent

À l’absence de grâce

Aux pentes sans secousses

Aux piscines trop chlorées

Aux couteaux dans la manche

Aux buvards imbibés

Aux éponges délavées

Aux essais nucléaires

Aux scooters sur les pistes TPG

Au babil politique

Aux serpents dans la mer

Aux cernes des couleuvres

Aux amendes aux cyclistes

A tout ce qui clignote

Aux élans suspendus

Au service sans merci

Aux mécènes miséreux

Aux tueurs de bête

Aux vols spéciaux

Aux avions sans retour

Aux faiseurs d’esclaves

Aux esprits séparés

Aux loyers abusifs

Au Ragusa sans noisettes

Au Rivella sans sport

Aux raquettes au vestiaire

Aux abeilles qui meurent

Aux barreaux mal sciés

Aux marches manquées

A la chaise électrique

Aux cheveux sur la langue

Aux preneurs d’otage

Aux demandes de rançon

Aux appels en absence

Aux connexions trop lentes

Aux tigres édentés

A l’humain comme une chose

Aux titres dans le texte

Aux menus sans sel

Au lustrage des poils

À l’arrachage d’ailes

Aux bunkers pour les noirs

Aux abbés abuseurs

Aux cailloux dans les pompes

Aux curés à bout de nerf

Aux poules sans têtes

Aux grands noms

Aux vis desserrées

Aux mineurs dans leur Porsche

Aux brouettes rouillées

Aux navets à la cave

Aux pommes en novembre

A ceux qui ne sautent plus

A ceux qui ne peuvent pas

Aux ampoules dans les mains

Au pétrin

À servir la soupe

A l’orage qui vient

Aux tiroirs qui grincent

A l’office des poursuites

Aux jeteurs de sort

Aux tireuses de cartes

Au sens unique

Aux fosses marines

À l’ours sans banquise

Aux astrologues avides

Aux tartes à la crème

Aux pilules amères

Aux billots sous la tête

Aux rats des villes

Aux champs rasés

Aux fantômes aux fantoches

Aux couches pour les vieux

Aux sous-titres décalés

Au dimanche à l’usine

Au Noël sans cadeaux

Aux cadenas aux compteurs

Aux bouchons sur la route

Au pouvoir des tristes

A la foi sans blasphème

Aux charentaises en solde

Aux chats sans gouttières

Aux héritages automatiques

Aux enfances sans amour

Aux donneurs de leçon

Aux salaires sans mérite

Aux oiseaux sans nichées

Aux anniversaires gâtés

Au mal que l’on partage

Au compte à rebours

Aux os à moelle

Aux fleuristes fanés

Aux âmes perdues

A l’amertume du miel

Aux rasoirs jetables

Au guide Michelin

À ceux qui se la ramènent

A ceux qui s’y oublient

Aux silences pesants

Aux tambours des bottes

Aux trous dans les chaussettes

Aux baignoires bouchées

Aux arrêts cardiaques

A ceux qui se sont pris pour d’autres

Aux paris truqués

Aux perruques mal fixées

Au tiercé dans le désordre

A Blatter à Blocher au Sida

Au désordre général

Au casse-pipe

Aux éclats sans lumière

Aux cartes cumulées

Aux géraniums en plastique

A ceux qui ne s’opposent plus

A ceux qui ne savent plus dire non.

11:49 Publié dans Genève, Humeur | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : non, et non | |  Facebook

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